Interview avec David FOKA, militant associatif, homme politique luxembourgeois, membre effectif du CNE et président du Parti Zesummen au Luxembourg

1. Monsieur Foka, pouvez-vous nous parler brièvement de votre parcours professionnel et politique, et des expériences qui ont façonné votre engagement au sein du Parti Zesummen au Luxembourg ?

Je suis né au Cameroun . J’ai émigré en République Fédérale d’Allemagne pour les études. Je suis professeur agréé ( Long Life Learning ) Ministère de l’éducation national Luxembourg .Après mes études en sciences de l’éducation à l’université de Bonn , j’ai émigré au Grand-Duché de Luxembourg. Administrateur de la Maison d’Afrique au Luxembourg que j’ai créé en avril 2010, je suis citoyen allemand et luxembourgeois originaire du Cameroun, président de la Fédération des Associations Africaines de Luxembourg (FAAL) ; vice-président de la Maison des Associations jusqu’en 2022 , j’ai été également président de la Commission Spéciale Permanente contre la Discrimination Raciale au Luxembourg ; j’ai été aussi de juillet 2017 jusqu’en décembre 2023 , le représentant élu de la communauté allemande au conseil national des étrangers de Luxembourg (CNE). Fort du travail associatif accompli depuis plus d’une décennie au profit des africains d’Allemagne mon pays d’adoption et surtout du Luxembourg, ces derniers m’ont convaincu à être candidat sur la liste socialiste à la mairie de la capitale du Grand-Duché de Luxembourg en 2011. En 2017 j’ai été chez les vert luxembourgeois jusqu’en 2023. Aujourd’hui, soutenu par ces personnes que j’ai côtoyées dans le monde associatif et politique , j’ai créé depuis janvier 2024 le parti politique luxembourgeois Zesummen : Mouvement citoyen pour la diversité et la bonne gouvernance . Je suis candidat et tête de liste de la coalition Zesummen-d’Bréck pour les élections européennes du 9 juin 2024.

Les défis pour ce parti sont nombreux. Il s’agit surtout de ne plus accepter l’exclusion et la pauvreté. Il s’agit aussi de donner une chance à chacun(e), une vraie chance.

La politique réelle est une juxtaposition d’intérêts dont le bien ultime reste le bien-être de nos populations. Par-delà les divergences d’opinions inscrites dans la marche démocratique de nos sociétés et la normalité de la vie humaine, sommeille dans l’esprit humain, la vitalité du vivre-ensemble. Le vivre-ensemble est-il un concept bateau, une opinion, une élégance verbale ou une simple politique de convenance ? Que non. Telle est notre position longuement murie au prix de l’observation et de notre expérience politique dans les partis politiques au Luxembourg. Les déclinaisons de cette expression que je viens d’énoncer forment pourtant le quotidien de bien de partis politiques au Luxembourg et en Europe. Vous comprenez ma migration. Loin d’être une trahison, elle est une conviction qui traduit ma soif de réaliser l’implémentation d’un vivre-ensemble réel au Luxembourg et en Europe. Le constat élaboré, par mon parti et moi-même de l’absence d’un véritable vivre-ensemble civilisationnel, reflet des composantes des couches sociales et nationales au Luxembourg est clair et perspicace.

2. En tant que président du Parti Zesummen, quelle est votre vision pour une Europe des citoyens décomplexée, tournée vers l’avenir, prônant la diversité, la tolérance et l’humanité ?

La réponse se trouve dans votre belle question rhétorique qui incarne les valeurs centrales que défend notre vision politique. Il s’agit précisément de la diversité, la tolérance et de l’humanisation de l’humain pour une Europe définitivementdécomplexée. Vous convenez avec nous que notre démarche prend en compte tout l’homme dans ses dimensions sociale, interculturelle, morale, continentale et mondiale. Elle est une démarche de rassemblement, sensible à toutes les formes de vulnérabilité. Notre défi est civilisationnel tant il tend à interpeller l’Europe sur ce qu’elle est aujourd’hui eu égard à ses ambitieux combats d’hier : un espace réel et large [acception étymologique] de foisonnement interdépendant de races, nationalités et cultures. Dans un monde désormais ouvert, il importe de faire fleurir une pluralité unie de vivants qui s’activent dans un vivre-ensemble basé non pas sur des règles, des discours, des promesses ou utopies, mais sur un socle existentiel pratique et palpable. Ce défi est possible. Nous en avons la ferme conviction.

Notre mission actuelle consiste à prendre part à la construction d’une Europe nouvelle : l’Europe des citoyens résolument engagée à prendre toute sa place aux négociations vers la paix , vers une démocratie participative pour remettre l’histoire vers la bonne direction sans mettre « genou à terre » pour un basculement systématique afin de donner une sépulture sans résurrection à l’exclusion et la haine de l’autre .

3. Comment percevez-vous la singularité du Luxembourg en tant que pays au sein de l’Union européenne, et quel rôle voyez-vous le Luxembourg jouer dans le contexte européen actuel ?

Historiquement, le Luxembourg a joué un rôle majeur dans la naissance de l’Union européenne comme nous rappellent l’abondante littérature et les travaux scientifiques y liés. La singularité du Luxembourg est donc consubstantielle à sa mission de moteur de l’histoire du vivre-ensemble. C’est une singularité qui est d’ailleurs perceptible dans la composante multi-sociale du pays par-delà sa taille populationnelle, ce qui montre une efficacité déployée à partir d’une couche démographique insignifiante, si l’on s’avise de comparer le pays aux nations environnantes. Notre position se situe en tout état de cause, dans la continuitéhistorique et propose un modèle qui ne se limite pas aux des trophées de l’histoire. Ce modèle entame en revanche une nouvelle étape : celle d’une diplomatie active et incisive centrée sur un leadership de la diversité et tournée vers la promotion pacifique des règlements de conflits. Nul doute que le contexte européen actuel se veut exigeant, compte tenu de la naissance de nouveaux problèmes dans les secteurs économique, culturel, social, énergétique et écologique etc. Le monde bouge. L’Europe bouge. Toujours en est-il que le Luxembourg dispose de plusieurs ressources moins optimisées pour une si belle cause. Nous nous présentons dèslors comme le parti qui fera pleinement vivre le rêve européen dans l’optimisation des ressources luxembourgeoises jusqu’ici inconnues.

4. En tant que député européen, quelles sont vos perspectives sur l’Afrique dans son ensemble, et plus spécifiquement sur la République Démocratique du Congo? Comment envisagez-vous renforcer les liens entre l’Europe et l’Afrique pour un partenariat mutuellement bénéfique ?

Des perspectives sur l’Afrique… Voila qui ne saurait contenir une fois deplus, la richesse de mes pensées. Je m’attacherai dans le cas d’espèce à souligner dans son ensemble deux points majeurs : l’immigration et l’écologie. Du point de vue de l’immigration, je porterai de toute ma force et de mon cœur, le projet de sortir l’Europe du Frontex : cette barrière de violences qui fait perdre au monde entier, des milliers de vies africaines dans l’ignorance totale de notre imagination. On peut protéger l’Europe, on peut lutter contre l’immigration clandestine en gardant sauve la vie humaine, première valeur dont dépendent les autres valeurs. Concernant l’écologie, j’estime que les sociétés développées comme l’Europe, peuvent engager un débat franc avec l’Afrique en attribuant une contrepartie de la protection de l’environnement dont jouit encore une Afrique vierge, non industrialisée. L’Europepourrait d’ailleurs travailler et financer des plans de développement en Afrique assis sur un paradigme d’industrialisation qui protège l’environnement. L’expérienceeuropéenne d’une industrialisation non-écologique pourrait être un atout double,surtout qu’elle protègerait l’humanité en permettant par ailleurs à l’Afrique d’accédera son sempiternel combat : le développement. La République démocratique du Congo est un cas qui témoigne encore du fossé social qui existe dans plusieurs pays du monde. Concrètement, il s’agira pour moi de négocier diplomatiquement un retour à la paix en invitant les parties au dialogue. Comme vous le savez, les Etats modernes sont souverains. La tache d’un député européen consiste à servir si besoin, d’intersection positive pour la promotion d’un monde harmonieux. Quant au renforcement des liens entre l’Europe et l’Afrique, il convient à mon avis de prendre en considération plusieurs facteurs. Le premier est celui du tort historique de l’Europe à l’Afrique pendant la colonisation. L’idée d’un vivre-ensemble fructueux resterait plausible dans la restitution de la vérité historique, reconnaissante des formes de vulnérabilité créées. Cela me semble fondamental pour créer des rapports bénéfiques, équitables et sains. L’Europe ne saurait se comporter aujourd’hui comme si rien ne s’était passé. Le deuxième facteur concerne la montée en puissance du sentiment anti-européen dans la masse critique africaine. Notre position est celle de la tolérance. En tant que député européen, je vais engager des formes pacifiques de conscientisation de l’africain, de sa classe dirigeante aux citoyens en passant par la diaspora. Le nouveau monde n’est pas celui de la guerre des continents. Il est bel et bien celui de la saisie des enjeux d’un meilleur vivre-ensemble ou chacun trouve son compte en créant des espaces ou l’autre n’est pas un ennemi mais un partenaire. Il y a de la richesse pour tous. La grâce que je rencontre dans ma candidature est de postuler comme député européen dans ma peau de résident luxembourgeois. Le Luxembourg n’est pas un pays colonial. J’estime être en possession d’une grande caution de neutralité. 

5. Comment envisagez-vous de promouvoir l’idée d’une Europe plus inclusive et humaine, et quelles actions concrètes préconisez-vous pour favoriser la coopération et la solidarité entre les pays européens et au-delà ?

Notre projet de société se veut sectoriel, approprié à chaque champ d’activité pour un modèle social égalitaire en terme de classe sociale, s’intéresser à chaque citoyen dans son secteur,  identifier les problèmes et apporter des solutions appropriées.

L’option méthodique que nous défendons se veut pratique pour un modèle de société égalitaire en termes de classe sociale, de genre et d’origine des personnes . 

Nous avons tous en nous chacune et chacun le droit de vivre-ensemble dans la diversité . Les constructions politiques obsolètes du modèle de société  gauchedroite, ont divisé le peuple dans son quotidien.

Les principes d’équité, gages d’une cohésion sociale pérenne. Au vu de la réalité ambiante , nous devons faire plus d’efforts pour davantage leurs mises en œuvre dans la société et les implémenter également dans nos mœurs. Prôner la recherche du bien-être collectif au détriment des intérêts individualistes. Même si cela peut paraître une vue de l’esprit, car parfois utopique au vu des mentalités diverses, mais nous devons émettre ce vœux pieux pour espérer une Europe plus pacifique , des rapports humains plus harmonieux.

Ensemble nous pouvons bâtir un monde plus juste , une Europe de paix , l’Europe des citoyens dans toute sa diversité et une solidarité Afroeuropéenne fondée sur les citoyens .

TEDDY MFITU / L’objectif.net

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