Mais, qu’est devenue la société Zaïroise de linguistique ?

Aujourd’hui j’écris cette tribune avec des larmes aux yeux et de l’amertume dans mon cœur. Demandez-moi, pourquoi ? Parce que, comme vous tous, j’ai suivi sur les réseaux sociaux, la façon dont certains compatriotes sont en train de se moquer de notre capitaine des Léopards, je cite : Chancel MBEMBA. J’ai aussi suivi par la même occasion avec beaucoup d’attention, la réaction ô combien pertinente et importante de l’une des filles de l’artiste musicien Ferré Gola, de son vrai nom Hervé Gola BATARINGE, qui a recadré poliment les Kongolais qui se moquent de son père biologique, du fait qu’il ne maitriserait pas bien la langue Molière, selon eux.

Chers compatriotes, laissez-moi vous dire comme je suis choqué, indigné, écœuré et blessé dans mon amour propre quand je vois des Kongolais qui se sentent fiers de manier la langue du colonisateur, anciennement appelée la langue des évolués, de triste mémoire.

Je me rends compte aujourd’hui que plusieurs d’entre nous qui ont cette habitude de publier partout ou même de porter des T-Shirts avec cette phrase : « NOIR ET FIER DE L’ÊTRE! » ne comprennent pas sa quintessence. Manier les langues coloniales n’est pas synonyme de réussir dans la vie ou encore moins la preuve d’être savant, que je sache !

Le feu maréchal Mobutu avait totalement raison de prôner la politique de « RECOURS À L’AUTHENTICITÉ » qui voulait justement dire, une idéologie de DÉSALIÉNATION CULTURELLE et d’enracinement dans les valeurs authentiquement africaines; en parvenant même à créer « la société zaïroise de linguistique » qui était une institution chargée de définir les règles des langues du pays.

Le feu maréchal Mobutu avait rassemblé des historiens, des linguistes comme le professeur Isidore Ndaywel, Elikia Mbokolo et d’autres spécialistes en la matière, pour cette noble tâche.
Ces grandes personnalités s’étaient mises au travail (un travail qui s’est arrêté faute de la politique de continuité de l’état) et en 1976, la société zaïroise linguistique va adopter un système plus adapté à nos langues avec deux étapes :
La première étape: c’était oser parler nos langues officiellement. La deuxième étape: c’était créer la société zaïroise de linguistique pour fixer les règles de la langue. Le maréchal Mobutu ne s’était pas arrêté là, comme les Français Ronsard et Du Bellay qui étaient les fervents défenseurs de la langue française, Mobutu a utilisé aussi l’art pour propager la langue.

Nous devons reconnaître que la RD-CONGO est un État hautement plurilingue, qui a un territoire immense avec d’énormes potentialités économiques. Avoir une politique linguistique, ce n’est pas seulement avoir dans la Constitution un article concernant la langue officielle, mais c’est d’abord prendre conscience que la langue est un fait de culture et un facteur de développement et social tout à fait primordial, pour un peuple, une nation.

Il y va aussi de soi que le fait de choisir telle ou telle langue pour exercer telle ou telle fonction dans la nation, notamment la fonction de « langue de l’État », que celle-ci soit appelée langue officielle ou langue nationale, ne doit pas faire oublier l’ensemble des autres langues pratiquées à l’intérieur des frontières nationales, celles qui, précisément, constituent la parole ordinaire des citoyens.

Ce fait revêt une importance capitale, car la responsabilité de l’État ne consiste pas seulement à développer la ou les langues officielles mais aussi à promouvoir toutes les langues parlées sur son territoire, quelle qu’en soit l’importance, parce que toutes font partie intégrante du patrimoine culturel national.

Tous mes remerciements à Monsieur M.M. NGALASSO pour ce riche travail qu’il a abattu sur l’Etat des langues et la langue de l’Etat au Zaïre, qui m’a permis de compléter ma tribune. Saviez-vous qu’en 1983 l’ATLAS LINGUISTIQUE DU ZAÏRE a vu le jour pour pouvoir combler la lacune en donnant le chiffre de 221 langues au Zaïre ?!? Est-ce que nos chers étudiants utilisent encore ce livre ?

La constitution de 2006 dans son article 1er stipule : « Sa langue officielle est le français »
« Ses langues nationales sont: le Kikongo, le Lingala, le Swahili et le Tshiluba ». L’État en assure la promotion sans discrimination. Fin de citation. J’étais estomaqué de suivre une sénatrice de son état (que je tais le nom pour ne pas faire sa publicité) qui proposait de faire de l’anglais une deuxième langue officielle et d’intégrer la RDC dans le Commonwealth.

Avec de telles propositions comment voulez-vous que nous puissions être respectés et surtout nous développer ? Et aussi le fait de qualifier d' »officielle » la langue étrangère, et de surcroît, celle de nos bourreaux colonisateurs, et de ramener au « vernaculaire » la langue qui est notre facteur d’indentification, est la preuve que nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge de l’aliénation mentale nous imposée par le colonisateur !

Nos cerveaux doivent être lavés et vidés de ce retard mental! C’est un véritable complexe d’infériorité à annihiler de notre mental. Par là on comprend pourquoi les complexés sont en train de se moquer de notre capitaine des Léopards et notre artiste musicien qui sont de par leurs statuts respectifs, des véritables ambassadeurs de la culture de la RD-Congo.

Le complexe qui anime ces moqueurs inconscients leur fait oublier qu’un véritable ambassadeur d’un pays, est avant tout un vecteur culturel de son pays, que nous devons soutenir positivement. Nous avons toujours réclamé et exigé que nos 4 langues nationales puissent devenir des langues officielles comme en Afrique du Sud qui détient 11 langues officielles qui sont les suivantes: une langue coloniale qui est l’Anglais, et 10 langues maternelles (pour ne pas dire nationales ou langues du terroir) : Ndebele, Pedi, Swati , Sotho, Tsonga, Tswana, Venda, Xhosa, Zoulou et Afrikaans.

Pourquoi ne pas faire comme les sud-africains dont même leur hymne national est chanté dans la langue du pays et non dans la langue coloniale ? Un autre exemple à suivre, c’est notre voisin, la Tanzanie qui a officiellement remplacé le swahili comme langue d’enseignement aux dépens de la langue coloniale, anglaise. La place du swahili dans l’enseignement en Tanzanie et au Kenya a conduit à l’émergence de leurs pays respectifs, parce qu’elle a facilité la communication entre le sommet (dirigeants) et la base (peuple).

Et ils ont éliminé le valeureux John Pombe Magufuli parce qu’il avait compris que la réussite de son pays se basait dans la révolution culturelle. La révolution culturelle chinoise a apporté des fruits inimaginables aujourd’hui et vous ne verrez jamais un chinois être complexé en parlant les langues étrangères, même quand il y a des lapsus dans son expression, parce qu’il est fier de parler mandarin partout.

Moi, j’ai personnellement honte quand je m’exprime dans la langue coloniale que dans nos langues maternelles. Tout va changer et tout doit changer, était une phrase prophétique du feu maréchal Mobutu.
Sentez-vous fiers de vous exprimer dans nos langues maternelles, car c’est notre IPSÉITÉ. Sachez aussi que la langue est liée à la terre.

Les Kongolais doivent s’en prendre à un Kongolais qui ne maîtrise pas nos langues maternelles et non au Kongolais qui ne maîtrise pas les langues du colonisateur. Le français ne se moquera jamais de son compatriote parce qu’il a fauté dans la langue germanique. Valorisons nos cultures éducatives et linguistiques, dans l’enseignement des langues maternelles.

Qu’on se comprenne bien , je ne dis pas que parler les langues étrangères était un handicap. Notre culture est notre âme, et nos langues sont notre identité qui ne peut être respectée que notre fierté y manifestée.

Par l’activiste, penseur et notable de Madimba.

Mingiedi Mbala N’zeteke Charlie Jephthé / Lobjectif.net

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