Muanda Diveta « Dv, ya Devson » 40 ans après : Que reste-t-il encore de son héritage le Zaïko Langa-Langa ?

Aujourd’hui, ça fait 40 ans jour pour jour. Du 10 janvier 1984 au 10 janvier 2024, depuis que le fondateur de Zaïko Langa-Langa Muanda Diveta Vital à l’authenticité alias « DV Muanda ou ya Devson » est parti dans l’au-delà. Décédé à Kinshasa de suite d’une très longue maladie. Un mal qui le rongea plusieurs années. Avant sa mort le 10 janvier 1984, il trôna à la tête de son orchestre étant son fondateur.

Qu’aurait été l’orchestre cinquantenaire Zaïko Langa-Langa créé en décembre 1969 à Kinshasa sans DV Muanda? Flash-back.

Ils étaient quatre au début de l’aventure. Les quatre fondateurs du groupe : Marcelin Delo, Mongombe Henri, André Bita et Muanda Vital. Les trois premiers précités étaient membres d’une même famille, la famille « Mangaya ». Seule exception, DV Muanda, qui fut lui, un proche ami de Mongombe Henri, le grand-frère d’Eugène Mangaya dit « Gégé » le guitariste-bassiste de Thu Zahina.

Gégé fut le tout premier directeur artistique de l’orchestre Zaïko Langa-Langa créé dans leur parcelle familiale sur avenue Popokabaka numéro 10 dans la commune de Kasa-vubu. Zaïko Langa-Langa fut donc créé grâce à l’apport de l’orchestre Thu Zahina, la coqueluche de l’époque. Ce fut un orchestre de jeunes élèves de Kalina en ville. Ses musiciens pour la plupart vivaient encore sous les toits parentaux.

Henri Mongombe et son ami Muanda Vital furent aussi membres chargés de publicité de l’orchestre Thu Zahina dans la cité, plus précisément dans la commune de Kasa-vubu, ex-Dendale où ils habitaient. DV Muanda était le plus attaché au président de Thu Zahina, Monsieur Tshomba Fatuma Ngandu Arsène « Tshars », un ancien « belgicain » à son apogée, compte tenu de ses capacités managériales.

Ci-bas « TSHARS » Tshomba Fatuma Ngandu Arsène

À chaque fin du travail à Limete pour le compte de la firme allemande « Magirus deutz », DV Muanda prenait tout naturellement la direction de l’avenue Usoke dans la commune de Kinshasa à la rencontre de président Tshars de Thu Zahina. Il avait déjà une ambition secrète et une vision futuriste concernant l’orchestre qu’il venait de cofonder dans la cité avec André Bita, Delo Marcelin et Henri Mongombe.

Après une demande de mise en disponibilité dans le Thu Zahina comme étant chargé de publicité, à l’époque Mongombe Henri travaillait comme cadre dans la société d’État, l’Office des routes. André Bita était fonctionnaire dans une banque de la place. Delo Marcelin quant à lui fut élève en Belgique, revenu au pays pendant quelques temps après avoir quitté l’orchestre « Belguide National ».

Ci-bas Henri Mongombe

Un orchestre fantomatique où il fut encadreur. Un groupe musical sans support discographique sur le marché. Les musiciens Nyoka Longo Joseph « Jossart » et Manuaku Waku « Pedro Félix » furent les transfuges de défunt orchestre Belguide National sur avenue Eyala dans la commune de Kasa-vubu. Ils seront les premiers musiciens récupérés par les encadreurs de l’orchestre Zaïko Langa-Langa nouvellement créé en plus de Jules Shungu Wembadio alias « Jules Presley » le futur « Papa Wemba », une star en devenir.

Au départ, ce n’était qu’une aventure sans lendemain. Et d’ailleurs, un musicien n’était pas pris au sérieux à l’époque. La musique était considérée comme un domaine réservé aux voyous et aux ratés de la société.

Au fil du temps, les 4 fondateurs prendront chacun son destin en mains pour préparer l’avenir. Delo Marcelin l’instigateur, retournera en Europe pour parachever ses études. Mongombe Henri consacrera à son boulot à temps plein avant de rejoindre l’Europe pour toujours jusqu’à sa mort en Belgique. André Bita, lui, à son travail de banquier à Kinshasa.

Ci-bas Delo Marcelin

Parmi les quatre fondateurs, seul DV Muanda restera disponible pour l’orchestre après la perte de son boulot à Limete de suite à un contrat non-respecté par l’orchestre Zaïko Langa-Langa. Il fut même emprisonné pendant plus de deux semaines. C’est cette absence non-motivée au travail qui sera la cause de son licenciement.

C’est ainsi qu’il restera le seul maître à bord, le seul fondateur qui va batailler fermement en l’absence de trois autres afin d’amener Zaïko Langa-Langa à bon port et vers son apogée en 1973-74. Pour la génération des jeunes nés dans les années 60-70, DV Muanda fut connu et reconnu comme étant le seul fondateur de l’orchestre Zaïko Langa-Langa.

L’homme des sacrifices et le vainqueur de tous les dangers rien que pour la réussite de son orchestre. L’homme qui batailla fermement contre le « grand maître » Franco Luambo Makiadi au figuré. Mais aussi contre les deux autres mousquetaires Tabu Ley et Verckys Kiamuangana en vue de lancer sa fusée le Zaïko Langa-Langa sur orbite.

Fixer ce nouveau venu sur la carte géographique musicale de l’ex-Zaïre alors que les 3 autres fondateurs se la coulaient douce ailleurs en Europe et à Kinshasa ne fut pas une mince affaire. Les autres fondateurs ayant d’autres priorités à leurs yeux plus importantes en tête : les études et le travail, abandonneront le projet. Pas DV Muanda. D’ailleurs, à vrai dire Franco Luambo ne les supportait pas.

Il accepta difficilement le fait de voir ce jeune orchestre lui damer les pions après avoir pu écarter la menace Thu Zahina. L’homme à abattre avait désormais un nom : DV Muanda. Même pas Henri Mongombe, André Bita ni même Delo Marcelin, le seul survivant aujourd’hui de cette époque. Sous la férule de DV Muanda, Zaïko Langa-Langa remporta ses premiers succès.

Et ce, après le retrait ou l’abandon des autres pour des raisons évidentes. Les jeunes congolais ont grandi avec la seule idée que le fondateur de l’orchestre Zaïko Langa-Langa avait pour nom : DV Muanda, Ya Devson et personne d’autre. Zaïko Langa-Langa, un patrimoine culturel national aujourd’hui, a vu défiler plusieurs musiciens pendant différentes générations.

Et d’ailleurs, DV restera le fondateur de l’orchestre le plus dédicacé dans l’histoire de la musique congolaise moderne. Qui se souvient même des Mongombe Henri, André Bita voire de Delo Marcelin dans la musique congolaise ? Mais le nom de DV Muanda est celui qui revient toujours. Un nom intemporel avec raison d’ailleurs.

Aujourd’hui, l’origine de la création de cet orchestre cinquantenaire et son histoire sont remises en cause voire tronquées par certaines personnes mal intentionnées, allant même jusqu’à dénier le droit de fondateur de l’orchestre à DV Muanda. Alors que sans lui, sans sa pugnacité et sa disponibilité l’avenir de Zaïko Langa-Langa aurait été incertain et compromis.

Comme preuve de ce déni monstrueux, ses enfants sont déshérités comme usufruitiers de la marque Zaïko Langa-Langa. Le fruit de la sueur du front de leur père. L’histoire étant irréversible, ils n’en profitent même pas voire peu ou prou. Alors que DV Muanda vivant, personne ne lui avait jamais disputé le droit de fondateur et de la paternité de l’orchestre Zaïko Langa-Langa. Jamais. Vive l’ingratitude !

Les historiens doivent rétablir la vérité sur base des faits avérés et les chroniqueurs musicaux de l’époque encore en vie pourraient témoigner. Les trois enfants de DV Muanda sont aujourd’hui à Kinshasa, en Belgique et en Afrique du Sud. La surprise est d’autant plus grande que certaines personnes crachent sur la mémoire de cet illustre disparu 40 ans après sa mort.

Le pape François Ier au Vatican a-t-il besoin de clamer haut et fort son appartenance à la religion catholique romaine ? Et pour qu’on puisse le croire, faudrait-il lui signer un autographe comme une évidence ? Le Pape Jean-Paul II fut-il de la religion catholique ? Ce sont-là les questions posées à tous les détracteurs du défunt DV Muanda, Ya Devson 40 ans après sa mort.

Eu égard de l’affinité le concernant, lui et son Zaïko Langa-Langa car, les deux noms sont quasiment indissociables. Une autre preuve de l’ingratitude ? A l’occasion de la 40ème année de sa mort, une « messe d’action de grâce » sera-t-elle organisée à Kinshasa, en Europe ou ailleurs par ceux qui tirent substance du nom Zaïko Langa-Langa aujourd’hui à part sa famille biologique ? Si, ce ne serait pas le cas alors un grand bravo !

NB : Sur la photo, le fils de DV Muanda, « Peter Muanda ».
Que l’âme de DV Muanda, son géniteur puisse se reposer en paix.

Dary Abega / Lobjectif.net

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