Lors des questions au gouvernement à l’Assemblée Nationale Française, Bruno Retailleau, Ministre de l’Intérieur, a suscité une vive polémique en annonçant l’organisation de « vols groupés » pour reconduire des étrangers en situation irrégulière à Mayotte vers la RD Congo. Cette déclaration soulève une multitude de questions.
Elle interroge non seulement les motivations derrière cette mesure, mais aussi les implications qu’elle pourrait avoir sur les relations entre la France et la RDC, ainsi que sur la situation des immigrés concernés. La première question que l’on peut se poser est celle de l’identité des immigrés visés par ces expulsions. S’agit-il de personnes ayant fui des conflits, de migrants économiques ou d’individus en situation irrégulière pour des raisons variées ?
La complexité du phénomène migratoire contemporain rend difficile de réduire ces individus à de simples statistiques ou à des catégories homogènes. Chaque histoire est unique, et il est essentiel de considérer le contexte personnel et social de chacun avant de prendre des décisions sur leur sort. La déclaration de Retailleau soulève une question géographique et politique cruciale.
Pourquoi choisir la RDC, alors que ce pays n’est pas frontalière de Mayotte ? La RDC connaît déjà des défis majeurs, notamment en matière de développement et de stabilité. Renvoyer des personnes vers un pays en proie à des conflits internes et à des crises humanitaires soulève des interrogations éthiques et pratiques. Cela peut être perçu comme une forme de déportation qui n’est pas sans rappeler des politiques migratoires controversées dans d’autres contextes.
Derrière cette annonce se cache une question de gouvernance et de légitimité. L’Assemblée Nationale de la RDC n’a pas été consultée sur cette décision, ce qui soulève des inquiétudes quant à la transparence et à la coopération entre les États. Il est crucial que les nations impliquées dans des questions d’immigration et de politique étrangère travaillent ensemble de manière concertée et respectueuse.
L’absence de dialogue entre la France et la RDC sur cette question pourrait engendrer des tensions diplomatiques et une méfiance accrue. La mémoire collective de la RDC est marquée par des périodes de crise, notamment la situation des réfugiés rwandais qui a eu des conséquences dévastatrices pour le pays. La peur de revivre des expériences similaires est palpable.
Les individus dont nous ne connaissons ni l’origine ni les intentions peuvent devenir une source d’inquiétude pour un pays déjà fragilisé. Il est donc légitime de s’interroger sur la manière dont ces expulsions pourraient affecter la stabilité de la RDC et la sécurité de ses citoyens. La déclaration de Bruno Retailleau soulève des questions complexes qui vont bien au-delà des simples considérations de politique intérieure française.
Elle interroge les enjeux éthiques de la gestion des flux migratoires, les relations internationales et la responsabilité des États envers les populations vulnérables. Dans un monde de plus en plus interconnecté, il est impératif que les décisions politiques prennent en compte non seulement les réalités internes, mais aussi les implications globales et les conséquences pour les pays concernés.
Un dialogue ouvert et respectueux entre la France et la RDC est non seulement souhaitable, mais nécessaire pour garantir une approche humaine et responsable face aux défis migratoires contemporains.En RDC, la richesse de la terre et des sous-sol nourrit des reves, pas des dépotoirs pour immigrés français indésirables.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR













