Dans un décor propice à l’absurde, la saga de la CADECO se transforme en une pièce de théâtre où chaque acte frôle le surréalisme. La récente annonce du retrait de confiance de la DG Madame Juliette Mbambu Mughole par le Président du Conseil d’Administration Maître Jean-Pierre Dikoma Kitengie dans un courriel au vitriol portant la N/Réf: 023/PCA/CADECO SA/IMC/DKJP/2025 révulse.
Sans attendre la décision du Ministre du Portefeuille Jean-Lucien Bussa, autorité de tutelle de la CADECO, le PCA Jean Pierre Dikoma Kitengie divulgue ce qui pourrait faire pâlir d’envie les plus grands dramaturges. Ce tour de force d’un PCA et de son assistant personnel est non seulement un fiasco sur le plan de la gouvernance, du droit administratif mais aussi un véritable déni de l’autorité étatique.
Madame Juliette Mbambu Mughole, dotée d’une sagesse rare dans ce marigot, a choisi de faire preuve de prudence en attendant la décision officielle du Ministre Jean-Lucien Bussa avant de se prononcer sur le fond du dossier. Mais au-delà de cette intrigue palpitante, la question se pose : quel est réellement le problème au sein de cette institution financière, la dernière véritable banque congolaise ?
La CADECO, décrite par certains comme une boîte noire de l’État, semble être le terrain fertile d’un vieux serpent de mer : la corruption. Les directeurs provinciaux, à l’abri de toute reddition de comptes, et certains responsables semblent vivre dans une sorte d’indépendance délicieusement orchestrée, cachés derrière un Conseil d’Administration complice, truffé de membres qui protègent les détourneurs avérés et les magouilleurs sanctionnés.
Madame Mbambu Mughole, en quête de la réhabilitation de la CADECO, a osé prendre des mesures courageuses en suspendant ces renégats. C’était sans compter sur l’indignation des anciennes élites informées, spongieuses et bien connues, qui, appuyées par des sponsors officiels, déclenchent une violente levée de boucliers. La vérité serait que cette décision a provoqué l’arrêt de certains chantiers privés de ces caciques.
C’est cette armée de protégés de la corruption qui a lancé une campagne contre la seule figure alignée sur la bonne gouvernance, celle qui s’inquiète réellement de l’avenir de la CADECO. Ironie du sort, cette quête de transparence de Madame Juliette Mbambu Mughole — la bancarisation de la CADECO pour une plus grande traçabilité — a signé son arrêt mortel. Les détourneurs préfèrent “MABOKO BANK”.
Le PCA Dikoma Kitengie, en 2025, rejette l’idée d’une banque moderne qui opère sur des principes de transparence, semblant rêver à un retour glorieux aux transactions en espèces, là où la corruption s’est épanouie. Cela en dit long sur l’état d’esprit régnant. Alors qu’il eût fallu célébrer des initiatives quasi révolutionnaires, nous assistons à la réapparition d’un vieux démon : le désir de garder le contrôle sur des finances obscures.
Juliette Mbambu Mughole refuse de céder aux pressions pour réintégrer les détourneurs et magouilleurs, ceux qui, dans une danse macabre orchestrée par le PCA Jean-Pierre Dikoma Kitengie, veulent maintenir le statu quo. Elle fait preuve d’un pragmatisme rare, déclarant être prête à subir une suspension, voire une révocation, tant que cela signifie préserver la CADECO de cette incurie qui ronge déjà la république.
C’est un véritable acte de bravoure dans un monde où la trahison et la manipulation sont des arcanes de la réalité quotidienne. Le décalage entre l’UDPS (Parti du PCA Dikoma) en tant que parti à la tête de l’État et la gestion étatique de la CADECO est emblématique d’un malaise profond. La confusion entre intérêts privés et gestion publique est plus qu’une anecdote : elle est symptomatique d’un système malade et risible.
Un PCA qui, au nom du parti majoritaire, rejette l’intégrité au profit d’un pouvoir obscur divisible et corrompu. À l’heure où l’avenir de la CADECO reste incertain, un appel urgent à la responsabilité s’impose. Peut-être qu’enfin, ceux qui se définissent comme gardiens de la République réaliseront que le véritable trésor, c’est la transparence, et non la protection des malversations qui contredisent la vision du Chef de l’État.
L’heure est à la clairvoyance et à l’engagement contre la corruption, avant que cette tragédie ne devienne notre quotidien indélébile. Ce qui se passe à la CADECO contre Madame Juliette Mbambu Mughole est d’une extrême gravité. Il aurait suscité le rire si ce n’était pas ridicule. C’est une situation si absurde et dénuée de sérieux qu’il en dévient burlesque.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR













