La République démocratique du Congo, une maison en péril, est aujourd’hui à un carrefour historique. D’un côté, des personnalités publiques et hommes d’État comme Martin Fayulu et Denis Mukwege, dont l’engagement pour la patrie transcende les ambitions personnelles, défendent l’intégrité nationale contre toute forme de compromission.
De l’autre, des figures comme Joseph Kabila et Moïse Katumbi, à travers son porte-parole Olivier Kamitatu, incarnent une politique de calculs opportunistes, prête à sacrifier la souveraineté congolaise sur l’autel du pouvoir et des intérêts étrangers. Dans un contexte où la menace de la balkanisation plane, orchestrée par le Rwanda via le RDF/M23, ces deux camps s’affrontent silencieusement.
Mais tandis que les premiers tendent la main pour une solution politique interne, les seconds alimentent les divisions, ouvrant la voie à une annexion déguisée de l’Est du pays par Paul Kagame. Martin Fayulu, l’opposant intransigeant et vainqueur moral des élections de 2018 selon de nombreux observateurs, a toujours refusé de légitimer un système électoral qu’il a toujours jugé truqué.
En 2023, alors que d’autres opposants se ralliaient à des alliances douteuses, Martin Fayulu Madidi a maintenu son cap : pas de compromission avec un pouvoir illégitime. Il a refusé des recours juridiques illusoires. Comme le prix Nobel Denis Mukwege, Martin Fayulu a dénoncé la partialité de la Cour constitutionnelle, contrôlée par Félix Tshisekedi, préférant une résistance pacifique mais ferme plutôt qu’une mascarade judiciaire.
Avec Denis Mukwege, il a plaidé pour une solution interne, excluant toute ingérence étrangère, contrairement à Joseph Kabila et Moïse Katumbi qui flirtent avec des forces extérieures. Le Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix, aurait pu se contenter de son statut international. Mais il a choisi de rentrer au pays, au risque de sa vie, pour soigner les victimes des guerres parrainées par Kigali.
Il a au moins le mérite d’avoir un engagement sans faille contre le RDF/M23. Il a été l’un des premiers à exiger des sanctions contre le Rwanda pour son soutien aux terroristes dans l’Est de la RDC. Contrairement à Joseph Kabila, dont les accords secrets avec Paul Kagame ont toujours été suspectés. En 2023, il s’est lancé en politique, non par ambition, mais parce que “le pays va mal” et qu’”il ne peut plus attendre”.
Il est devenu candidat présidentiel malgré les menaces. De l’autre côté, Joseph Kabila, Moïse Katumbi et Olivier Kamitatu apparaissent comme des opportunistes de la désintégration congolaise. L’ancien Président Joseph Kabila, dont le règne a été marqué par des accords obscurs avec le Rwanda, a laissé le RDF/M23 prospérer. Aujourd’hui, son alliance avec Moïse Katumbi ressemble moins à une opposition patriotique qu’à une manœuvre pour récupérer le pouvoir par tous les moyens.
Ainsi, pour une première fois dans l’histoire de cet univers connu, un ancien Chef de l’État devient l’architecte du chaos. Sous son mandat, l’Est du Congo a été livré aux milices, tandis que des officiers rwandais infiltraient l’armée congolaise. Il a trahi les accords de Sun City. Son hypocrisie révulse plus d’un. Lui qui a gouverné avec une main de fer critique aujourd’hui la “dictature” de Félix Tshisekedi, alors qu’il a lui-même préparé le terrain pour la crise actuelle.
C’est la position de Moïse Katumbi, un magnat aux ambitions troubles, qui étonne. Moïse Katumbi, présenté comme un opposant “modéré”, a pourtant refusé de contester officiellement les résultats électoraux de 2023, préférant des tractations en coulisses. C’est son alliance contre-nature avec Joseph Kabila qui inquiète. Leur réunion à Addis-Abeba en 2023 visait moins à “sauver le Congo” qu’à neutraliser Félix Tshisekedi pour reprendre le contrôle des richesses minières.
Il y a un silence complice de ce bloc sur les activités criminelles du RDF/M23 en RDC. Alors que Martin Fayulu et Denis Mukwege dénoncent l’agression rwandaise, Moïse Katumbi évite soigneusement de froisser Kigali, laissant planer le doute sur ses véritables loyalismes. Et qui envoie-t-il au front ? Son directeur de cabinet et porte-parole Olivier Kamitatu en bon porte-voix de la duplicité.
Ancien proche de Joseph Kabila après avoir été le bras droit de Jean-Pierre Bemba, Olivier Kamitatu incarne cette classe politique prête à toutes les volte-face pour rester dans le jeu. Ses déclarations enflammées contre Félix Tshisekedi masquent mal une stratégie de reconquête du pouvoir sans véritable projet national. Il faut réintégrer Martin Fayulu et Denis Mukwege dans le jeu politique.
Le pouvoir actuel doit comprendre que seuls des patriotes intègres comme Martin Fayulu et Denis Mukwege peuvent rétablir la crédibilité politique en fissurant l’idée que tous les Congolais sont vendus à Kagame. Il faut proposer un dialogue interne, avec des lignes rouges claires : aucune négociation sous la menace du RDF/M23, aucune cession territoriale déguisée et la transparence totale sur tous les accords passés avec le Rwanda.
Martin Fayulu et Denis Mukwege ne sont pas des saints, mais ils incarnent une alternative crédible à la politique de la capitulation. Face aux opportunistes qui jouent avec le feu de la balkanisation, ils représentent le dernier rempart contre la dislocation du pays. Le pouvoir en place a aujourd’hui le choix. Soit il écoute ces voix patriotes et leur confie un rôle central dans la résolution de la crise pour équilibrer les forces.
Soit il persiste dans la stratégie actuelle sans aucune ouverture politique, laissant le Congo sombrer dans le chaos organisé par Kigali et ses relais locaux. La RDC n’est pas à vendre. Elle n’est pas à hypothéquer. Elle mérite des dirigeants qui l’aiment plus qu’ils n’aiment le pouvoir. Pour une fois, il faut ouvrir le jeu politique et diluer les revendications inadmissibles des traîtres dans une concertation nationale et non exclusive.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR













