En RD Congo, où 73,5 % de la population vit avec moins de 2,15 $ par jour, les banques commerciales privées osent facturer 5,80 $ mensuels pour la simple “gestion” d’un compte courant. Un hold-up silencieux, un scandale absolu dans un pays où le salaire moyen ne dépasse pas 50 $ par mois. Mais toutes ces banques étrangères font fortune sur le dos d’une population exsangue.
Pendant que les Congolais luttent pour survivre, les banques engrangent des profits indécents, transformant la pauvreté en rente financière. Comment en est-on arrivé à cette spoliation organisée avec des frais disproportionnés dans un pays en crise ? Une comparaison choquante : En France, malgré des hausses récentes, les frais moyens de tenue de compte plafonnent à 3-4 € (environ 3,20-4,30 $), avec des offres gratuites pour les plus modestes.
En RDC, les établissements imposent des tarifs supérieurs à 5 $, sans justification économique. Le paradoxe congolais : Alors que le pays regorge de ressources (70 % du cobalt mondial), les banques siphonnent les maigres revenus des citoyens. Un compte bancaire coûte l’équivalent de 3 jours de salaire pour un ouvrier minier, dont les conditions de travail sont souvent proches de l’esclavage.
La complicité d’un système financier prédateur avec des pratiques opaques. Comme en Europe, les banques congolaises noient les clients dans des grilles tarifaires illisibles, avec des frais cachés (découverts, retraits, transferts). La Banque Populaire en France est épinglée pour ses “minima forfaitaires” abusifs (jusqu’à 12,50 €) ; en RDC, ces abus sont la norme, sans aucun plafonnement.
Il y a un double discours. Le secteur bancaire se vante d’être “la banque du peuple” tout en finançant l’élite minière (30 % du PIB national). Les “agents bancaires” en milieux reculés ? Une façade pour masquer l’exploitation des plus pauvres. L’arnaque des “services” inexistants est la cerise sur le gâteau avec des infrastructures défaillantes, pas de distributeurs fonctionnels, des réseaux hors service.
Des délais sont interminables pour les virements. Pourtant, les frais sont prélevés avec une ponctualité militaire. Si l’on tente une comparaison avec l’Afrique centrale. Même dans des pays voisins comme le Congo-Brazzaville, les frais sont moins élevés. Rawbank, leader régional, offre des tarifs plus compétitifs qu’en RDC. L’État congolais est-il impuissant ou complice ? Il n’existe aucune régulation.
Contrairement en France où les frais d’incidents sont plafonnés à 25 €/mois pour les plus fragiles, la RDC n’a aucune loi protectrice. Les banques y agissent en États dans l’État. Il y a clairement une collusion minière. Les mêmes banques qui spolient les citoyens financent les multinationales pillant le cobalt et le cuivre. Une boucle infernale où l’argent des Congolais sert à enrichir ceux qui les appauvrissent.
Le cynisme des banques est de payer pour exister. Le mépris social atteint des limites inexplorées. Alors que la Banque mondiale souligne un Indice de Capital Humain de 0,37 (37 % du potentiel de développement humain), les banques privées considèrent les Congolais comme des vaches à lait. Un exemple criant : Un découvert de 2 $ peut générer des frais de 10 $ en RDC, comme en France.
Mais ici, personne ne proteste, car la population est trop occupée à survivre. Les frais bancaires en RDC ne sont pas une erreur de marché, mais un crime économique. Ils reflètent une finance prédatrice qui prospère sur les ruines d’un État défaillant. Pendant que ces banques étrangères clament soutenir les PME, elles étranglent les ménages. Si la RDC ne régule pas cette hémorragie, ses citoyens finiront par payer pour respirer.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR













