Le gallium, métal invisible, stratégique et critique méconnu du grand public, est en train de devenir un élément clé dans la guerre technologique et industrielle du XXIᵉ siècle. Essentiel pour les semi-conducteurs (GaN, GaAs) et les batteries nouvelle génération, ce métal rare pourrait redessiner la carte géopolitique des ressources.
Dans ce contexte, la RD Congo, déjà pivot du cobalt et du cuivre, pourrait jouer un rôle central dans l’approvisionnement mondial, tout en accélérant sa propre transformation numérique. Le Gallium est un composant clé des technologies avancées. Les semi-conducteurs (GaN – Nitrure de Gallium) utilisés dans les 5G, l’électronique de puissance et les dispositifs militaires, ces composants surpassent le silicium en efficacité.
Essentiel pour les batteries du futur, le gallium améliore les anodes et pourrait révolutionner le stockage énergétique. Son marché est en explosion. La demande pourrait être multipliée par 10 d’ici 2030, sous la pression des véhicules électriques et des data centers. À l’heure actuelle, c’est la Chine qui a un quasi-monopole, ce qui est inquiétant avec 90% du gallium raffiné qui y provient.
Elle a d’ailleurs récemment restreint ses exportations pour des “raisons de sécurité nationale”. Les États-Unis et l’Europe cherchent des alternatives, relançant l’exploration minière et le recyclage. Comme toujours dans pareil cas, c’est vers la RDC que se tournent tous les regards. La RDC devient le nouvel élément central de la géopolitique des métaux avec un sous-sol convoité du Cobalt au gallium.
La RDC fournit déjà 70% du cobalt mondial, essentiel pour les batteries lithium-ion. Il se trouve qu’elle a un potentiel inexploité en gallium. Souvent associé à la bauxite et aux minerais de zinc, le gallium pourrait être un sous-produit de l’exploitation minière congolaise. Et pourtant, la transformation numérique est certainement un levier de développement comme l’affirme la société de promotion du numérique (SPN).
La digitalisation doit être intégrée en RDC comme un accélérateur économique. Le blockchain doit servir pour la traçabilité des minerais (lutte contre le travail des enfants, corruption). Les smart girds et énergies renouvelables pour électrifier le pays. La formation tech (IA, data science) pour créer une main-d’œuvre qualifiée et pourquoi pas créer un hub africain du numérique ?
Kinshasa et Lubumbashi pourraient devenir des centres de data centers et de start-ups tech. Nous proposons des scénarios pour une RDC qui serait désormais une actrice majeure. Si la RDC préfère demeurer un simple exportateur de matières premières alors il y aura risque de dépendance aux cours mondiaux et exploitation prédatrice. La menace, ce seraient des pertes économiques.
Surtout si les pays occidentaux se tournent vers le recyclage ou les substituts. Il faut donc tendre vers une industrialisation et une valorisation locale. Cela créera des opportunités avec une raffinerie de gallium et usines de semi-conducteurs. On peut proposer des partenariats avec des entreprises comme Tesla, TSMC ou Intel pour des joint-ventures pour la création d’une filière batterie intégrée (du minerai à la production).
Il faut que la RDC prenne le leadership africain dans la tech verte en proposant une alliance avec d’autres pays africains pour créer une “OPEP des métaux critiques”. Des investissements massifs dans les énergies renouvelables (solaire + hydroélectricité) pour alimenter une industrie high-tech propre. La RDC est à la croisée des chemins. Le gallium peut symboliser une nouvelle ère.
Celle où les métaux rares déterminent la puissance technologique. La RDC, avec ses ressources colossales, pourrait passer du statut de fournisseur passif à celui de leader industriel et numérique. Mais pour cela, il faudra : une gouvernance transparente et visionnaire. Des investissements dans la recherche et développement et les infrastructures digitales.
Mais aussi une stratégie internationale audacieuse, en partenariat avec l’Afrique et le monde. Le temps presse. La bataille des semi-conducteurs et des batteries ne fait que commencer. La RDC sera-t-elle spectatrice ou actrice majeure ? La Société de Promotion du Numérique prend toute sa part dans le débat pour permettre à la RDC d’assumer son rang, son rôle et la place qui lui revient de droit.
La SPN est disposée à travailler sur les investisseurs qui sont déjà en discussion avec Kinshasa. Sur le gallium recyclé par exemple qui est un domaine particulier. Peut-il menacer les producteurs miniers ? Et surtout comment l’Afrique peut-elle éviter le piège de la dépendance économique ? Ces quelques interrogations ont pour but de susciter le débat et inspirer une réflexion stratégique pour la RDC.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR













