Dans une mise en scène qui frôle le burlesque, le Gouvernorat du Haut-Uélé nous gratifie d’une nouvelle perle administrative : la création de la Générale Minière de l’Uélé SA (GEMINUELE SA). Dévoilée avec une pompe déplacée ce jeudi 20 février 2025, cette annonce, diffusée par la chaîne officielle (RTNC locale), ressemble plus à une tartufferie qu’à une démarche de développement sérieux.
À défaut d’une feuille de route claire ou d’un acte constitutif digne de ce nom, GEMINUELE SA s’autoproclame pourpre émissaire du dynamisme et de la rentabilité minière. Pourtant, cet accouchement précipité de l’entreprise laisse sceptique. En effet, en l’absence d’une validation formelle par l’Assemblée provinciale, on se demande si ce projet n’est pas qu’un écran de fumée conçu pour divertir les foules et s’auto-féliciter des réalisations fictives.
Placé à la tête de cette soi-disant locomotive du progrès, Me Dieu-donné Assane Lobia endosse le rôle de Directeur Général avec Me Bismick Boele en Président du Conseil d’Administration. Réunir cette fine fleur, qui semble tirer ses qualifications plus de sa proximité avec les arcanes du pouvoir que de compétences reconnues, peut prêter à sourire. Ou devrions-nous dire, grincer des dents ?
Que dire de la composition du collège des conseillers, constitué de personnages issus de la cour rapprochée du gouverneur Jean Bakomito Gambu, dont les CV seraient peut-être plus à l’aise dans un annuaire relationnel que dans un dépliant d’entreprise minière innovante? L’intention proclamée par cette « initiative » est de donner une impulsion nouvelle au secteur minier.
Toutefois, l’absence manifeste d’une coordination avec le Cadastre Minier (CAMI), qui traditionnellement gère ces missions, soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Qui donc orchestre réellement cette mascarade ? D’aucuns se demandent s’il ne s’agit pas d’une structure montée à la va-vite pour attribuer des carrés miniers aux amis et membres de la coalition de Gombe.
GEMINUELE SA pourrait bien n’être qu’une farce, une nouvelle illustration d’un système où l’audace n’est pas de servir la province, mais de s’y servir toujours mieux. Si ce cirque institutionnel n’était pas si perturbant, on en rirait peut-être. Mais pour les véritables enjeux miniers de la région et leurs impacts sur la vie des habitants ? C’est là une tragédie. Pour y remédier, ce qu’il faut, c’est bien moins de blagues et bien plus de rigueur.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR