Plus les jours passent, moins je ne vois toujours pas la réponse de mon message du vendredi 28 février et je me rends compte que tu es réellement parti baba (Général major Delphin Kahimbi).
Papa, depuis le 28, je me pose mille et une questions : pourquoi vous, pourquoi, pourquoi et encore pourquoi, sans aucune réponse. L’aigle qui ne cessait de me rappeler qu’un chef meurt toujours débout n’est plus.
<Je me rappelle encore la première fois que j’ai reçu ton appel. J’étais au Secas, un appel d’un numéro vodacom; j’ai décroché, une voix qui me posait la question de savoir pourquoi j’ai pleuré à la télé ; la situation des enfants, des hommes en uniforme te tracasse jusqu’à ce point ? Bon dis-moi ce que tu veux que l’armée fasse pour nos enfants. Sans connaître mon interlocuteur, j’ai répondu que le combat que je mène est une façon de dire non à la vie que j’ai vécue comme fille d’un policier et retenez que l’armée n’a pas des moyens pour améliorer les conditions de vie des enfants des militaires. Il réagit en me demandant si je connais la personne avec qui je parle. J’ai répondu non. Je suis le Général Major Delphin Kahimbi sous chef d’état major en charge des renseignements militaires. Je lui posai alors la question suivante : Papa Général qu’est ce que je peux faire pour vous ? Il me répondit : je veux parler avec toi et comprendre les objectifs de ton association. Tu peux passer à mon bureau le lundi prochain. Alors que j’avais peur des intimidations que je subissais de la part de certains officiers de l’armée qui n’ont jamais compris la quintessence de mon combat, soit qu’ils ne veulent pas comprendre, soit par mauvaise foi. Un mois plus tard, il m’écrira : « donc si je comprends bien, tu boudes mon invitation » et je lui ai répondu que Papa, j’ai peur de venir. Pourquoi as-tu peur ? Papa j’ai subi beaucoup de menaces. « Viens et tu vas tout m’expliquer ». Je suis partie à son bureau, un scientifique avéré, un Papa qui avait une grande capacité d’écoute, comique, gentil, cool, intelligent, sage, courtois, ambitieux, hospitalier était en face de moi. C’est là que j’ai découvert le côté hospitalier et humain d’un officier militaire de son rang qui m’a relaté l’histoire de sa vie. Après mon plaidoyer, il s’est décidé d’initier et de sponsoriser la bourse <Muana ya Mapinga academia >le Papa des boursiers qui ne cessait de me promettre qu’il leur prendra en charge durant les 5 ans de leurs cursus académiques. Mungu (Dieu en swahili), pourquoi tu as permis sa mort, lui qui bénéficiait de nombreuses prières et bénédictions de plusieurs personnes. Il m’a fait confiance dès le premier jour, mon unique conseiller, mon chargé de discipline, je ne pleure pas un Général, je pleure un papa qui a cru en moi sans me connaître, je pleure un papa qui me punissait par son silence, je pleure un papa qui ne cessait de soutenir les études des enfants des militaires et policiers à travers Telema Muana ya Mapinga. Le seul qui m’a encouragé de refaire le droit comme c’était mon premier choix avant que je fasse le journalisme. Baba sijue namuna yakukuliya, roho yangu inakatika, machozi yangu iko n’a toka kila siku, kila Wakati (traduisez : Père, je ne sais comment te pleurer. Mes larmes coulent à chaque instant. Mon cœur brisé) Baba, j’aurai encore préféré que tu sois suspendu, que tu n’aies plus de fonction mais que tu restes en vie, toi qui avais encore l’âge, qui avais des projets, des ambitions, ta thèse ?? Qui va la défendre, mualimu (enseignant), je t’avais demandé de vernir mon livre sur Telema Muana ya Mapinga, tu m’avais promis que tu le feras au mois de juillet. Le Papa de Gemima, tu ne cessais de me rappeler mes responsabilités vis-à-vis des boursiers. Baba, le ciel est tombé sur moi, tout ce que je veux que ça soit un cauchemar, malheureusement c’est la réalité, tu es parti baba, papa Général. Je ne te reverrai plus jamais, je ne t’écrirai plus sur whatsapp. Baba, je te promets de me battre pour trouver les moyens financiers pour que les 13 boursiers de TMM obtiennent leurs diplômes de licence en 2024. Oui, Gemima deviendra magistrate militaire que tu voulais. Nonobstant les dires de gens sur ta personne, Pour moi tu resteras l’un des meilleurs Papa Généraux que j’ai croisé, le papa qui avait un cœur d’Ange. Mungu akupokeye kua Amani Baba, pumizika mzuri.
Christella Kiakuba coordonnatrice principale de l’Asbl Telema Muana y’a Mapinga
