Dans un pays où les cicatrices de la souffrance collective sont profondes et permanentes, les réactions des autorités congolaises sur les innombrables massacres de nos populations soulèvent des questions essentielles sur la nature de l’indignation et la cohérence morale. L’élite congolaise est coupable de trahison et condamne le peuple au silence d’être son complice.
Le lien familial établi entre le chef rebelle de l’AFC-M23 Corneille Nangaa Yobeluo et son petit-frère biologique Christophe Baseane Nangaa gouverneur sortant du Haut-Uélé qui est malgré tout candidat à sa propre succession devrait au moins conduire à une mesure conservatoire le temps que le travail extrêmement difficile des différents services en charge de l’épineuse question de la guerre soit bouclé.
Nos interpellations publiques sont un geste courageux pour attirer l’attention d’abord des autorités congolaises qui se plaignent sur le silence hypocrite de la communauté internationale face au génocide massif de plus de 12 millions de Congolais. Ce qui était hier nié avec véhémence est aujourd’hui une évidence terrifiante : le Congo saigne, et le monde doit le reconnaître.
Pointer certaines anomalies et incohérences entre ce qui est dit et ce qui se fait réellement via les décisions prises ou pas est un écho puissant de la nécessité de parler quand d’autres choisissent de se taire. Pendant des décennies, la RD Congo a été le théâtre de crimes innommables, d’une violence inouïe et d’une instabilité chronique.
Malgré cette réalité brutale, les voix qui devraient résonner le plus fort restent parfois étouffées par des calculs politiques et des intérêts particuliers, personnels et changeants. Dans une trahison, nous ne regrettons pas l’acte en lui-même mais le fait d’avoir offert l’occasion à un traître de s’être introduit dans notre vie. Ici, il s’agit de la vie de toute une province, de tout un pays, de tout un peuple par-delà nos frontières territoriales.
Ce qui rend cette situation encore plus déchirante, c’est le double standard flagrant qui prévaut. Ceux qui remettent en question l’imminence des défis sécuritaires majeurs liés au seul maintien en fonction d’un de deux frères biologiques Nangaa au gouvernorat de la province du Haut-Uélé sacrifient en réalité la sécurité de la RDC sur l’autel de la conservation de leurs carrés miniers protégés par ce dernier.
L’indignation sélective, motivée par des alliances politiques et des humeurs changeantes, ne peut plus être tolérée dans un contexte où la vérité doit éclairer chaque pas que nous faisons. Feindre de nier l’existence même des conflits en RDC pour pointer du doigt ceux qui refusent de se conformer aux récits préfabriqués est une stratégie politique éculée.
Il est temps de réclamer une cohérence authentique, une solidarité inébranlable et une attitude résolue qui transcende les frontières politiques et les intérêts personnels. Les cris étouffés des millions de Congolais qui ont perdu la vie dans l’indifférence générale exigent que nous soyons des témoins intègres, des défenseurs inflexibles de la vérité et des agents de changement qui refusent de se conformer à la complaisance de l’oubli.
En fin de compte, l’indifférence n’est pas une option. Nous devons choisir de soutenir ceux qui osent briser le silence, de défendre la dignité de ceux qui souffrent et de combattre l’injustice où qu’elle se trouve. Si la trahison, la corruption et le détournement des deniers publics pour certains est signe de forte personnalité et confiance en soi. Nous préférons l’intégrité et la loyauté.
C’est seulement en embrassant cette responsabilité collective que nous pourrons véritablement honorer la mémoire de ceux qui ont été perdus et bâtir un avenir où l’indignation n’est plus un luxe réservé à quelques-uns, mais un devoir sacré pour tous. Telle est la profession de foi du Grand Chef Constant Lungagbe, candidat gouverneur de la province du Haut-Uélé.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR













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