Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour cour vous rendront blanc ou noir. Dans la fable bien connue de La Fontaine, “Les Animaux malades de la peste”, l’auteur souligne le fait que le statut social et le pouvoir peuvent influencer grandement les jugements et les décisions de justice.
Malheureusement, cette réalité semble se confirmer de manière troublante dans une affaire récente de détournement de deniers publics en RD Congo, affaire dite des forages et lampadaires. Trois personnes clés de ce dossier ont été interdites de quitter le territoire national (Francois Rubota, Nicolas Kazadi et Mike Kisenga), mais la différence de traitement entre elles est frappante.
Alors que deux d’entre elles (François Rubota et Mike Kisenga) se retrouvent derrière les barreaux à la prison de Makala, le principal suspect, qui était ministre des finances au moment des faits et aurait payé un forage exorbitant à 300 000 dollars, est autorisé à quitter le pays sans être inquiété. Cette situation soulève des questions légitimes sur l’équité et l’impartialité de la justice dans le pays.
Les récentes actions du nouveau ministre d’État à la justice Constant Mutamba, pourtant présentées comme des mesures fortes, semblent davantage relever de la gesticulation théâtrale que d’une réelle volonté de lutter contre la corruption et l’impunité. Il est inacceptable qu’une certaine élite soit considérée comme intouchable, échappant ainsi aux conséquences de leurs actes répréhensibles.
L’exemple flagrant de l’ancien directeur de cabinet du président de la république et actuel Président de la chambre basse du parlement, Monsieur Vital Kamerhe, condamné dans un procès médiatisé pour un détournement de 56 millions, contraste cruellement avec la protection dont semble bénéficier Monsieur Nicolas Kazadi ayant, lui, dépensé 71 millions de dollars du trésor public.
Cette disparité de traitement en fonction de la position sociale, de la proximité géographique et politique des individus ne fait que renforcer le sentiment d’injustice et d’impunité qui règne dans le pays. Il est grand temps que la justice en République Démocratique du Congo soit réellement équitable et indépendante. Ce dossier confirme dans l’opinion ce qui est toujours reproché à l’actuel Chef de l’état.
Il apparaît publiquement comme un protecteur de ceux qui saccagent les efforts de la nation entière de se relever s’il n’agit pas pour mettre fin à cette culture de l’impunité qui permet aux puissants de se soustraire à leurs responsabilités. Tant que des cas flagrants comme celui-ci perdureront, la confiance des citoyens envers les institutions sera minée, compromettant ainsi l’avenir de la nation.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR













