À Kikwit, la principale ville de la grande province du Bandundu, la prostitution est décrite comme une activité à temps plein pour les filles.
Beaucoup d’entre elles n’ont rien connu d’autre que ce bidonville où défilent des hommes de passage. Mises au travail à 10 ou 13 ans par une mère elle-même prostituée. C’est ce qu’on appelle proxénétisme. Et pour attirer toujours plus de clients, elles se font belles et attractives par l’entremise du maquillage et de l’accoutrement avec le port de petites jupes. L’objectif étant de mettre en exergue leur silhouette assortie des rondeurs. La ville de Kikwit est une ville où 90% des enfants vont à l’école. Située près d’une voie rapide qui relie Kinshasa à Tshikapa, voit affluer chaque jour près de 2500 clients. En réalité, facteurs psychologiques et moraux (paresse, goût de la vie facile) s’imbriquent toujours. Sans oublier la misère et la solitude, qui sont les deux grandes causes de la prostitution dans cette bourgade, explique une fille du quartier Kikwit2, bastion des prostituées. Les hommes et les femmes exposent les causes de ce phénomène tant décrié qui sont multiples et variées. À Kinshasa et Tshikapa par exemple, certains hommes sont persuadés que le fait d’avoir des relations sexuelles avec de très jeunes filles leur éviteraient de contracter le VIH/SIDA et même de guérir de cette maladie. La plupart d’hommes croient aussi qu’avoir des relations sexuelles avec une petite fille accroîtrait leur virilité et leur apporterait longévité et succès en affaires. De leur côté, les mamans de cette contrée pointent du doigt la pauvreté associée au manque du soutien de la part des autorités du pays qui poussent nos enfants à trouver la vie de chacun pour soi, Dieu pour tous ! Les parents se sentent souvent obligés de vendre leurs enfants à des souteneurs car leur maigre salaire ne leur permet pas de subvenir aux besoins de toute la famille. La pauvreté devient une cause d’abandon. Ce rejet contraint les enfants à quitter le domicile familial pour devenir enfants des sexes. Vulnérables et dans le besoin, ils sont les principales cibles des exploitants qui leur promettent un travail et une rémunération décente. Les parents pour la plupart dépourvus des moyens, leurs filles s’adonnent au commerce du sexe pour payer leur scolarité et satisfaire à d’autres besoins vitaux. Dans les années 1980 et 2003, se livrer à la prostitution était perçu comme une honte. Fort malheureusement, aujourd’hui, cette pratique est devenue normale, autorisée et encouragée par les parents eux-mêmes et d’autres responsables des buvettes et terrasses dans la commune de Kazamba précisément au quartier Cité à quelques encablures de l’Institut Sadisana ( Sadi pour les intimes). Les hommes ne se marient plus avec les filles de cette belle fille réputée ville ya bana mayele (intellectuelle) car pour les hommes, ils ne peuvent pas se marier avec ses nouvelles créatures de Mayumbu qu’elles considèrent comme des épaves de VW. Pierrot Tako Bongo Alvès, Secrétaire général de l’organisation » Bandundu na Beto » (notre Bandundu) jette toute la responsabilité de ce fléau sur les autorités nationales et provinciales. Toujours selon ce dernier, ce phénomène a commencé du temps du feu Maréchal Mobutu jusqu’à l’ex régime qui n’ont jamais alimenté cette ville en électricité. Et pourtant, les câbles de haute tension passent par là jusqu’à Lubumbashi. Ce qui aurait permis aux habitants de se lancer à d’autres activités. Le SG de Bandundu na Beto interpelle le nouveau Gouvernement de penser à cette ville qui continue à fournir de grands personnalités mais malheureusement abandonnée à son propre triste sort.
Pierrot Tako Bongo Alvès
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