Au cœur de la République Démocratique du Congo, une dualité persistante entre le savoir silencieux et la parole bruyante façonne le paysage politique, influençant de manière significative le leadership et la représentation démocratique. Cette dualité, ancrée dans l’héritage historique et culturel du pays, soulève des questions cruciales sur la nature du pouvoir et l’expression publique, mettant en lumière des tensions profondes au sein de la société congolaise.
D’une part, le savoir silencieux, incarné par des figures discrètes mais influentes au sein des cercles politiques et communautaires, représente une forme de leadership qui opère en coulisses. Ces gardiens du savoir exercent leur influence à travers des réseaux informels, des traditions orales et des structures sociales héritées du passé. Leur pouvoir réside dans leur capacité à forger des alliances, à conserver des connaissances tacites et à influencer les décisions politiques sans pour autant s’exposer publiquement.
D’autre part, la parole bruyante, souvent incarnée par des personnalités politiques charismatiques, des leaders d’opinion et des activistes, occupe l’espace public avec des discours enflammés, des revendications audacieuses et une présence médiatique marquée. Ces porte-parole captivent les foules, mobilisent les masses et définissent l’agenda politique à travers des discours percutants et des actions spectaculaires, souvent au détriment de la nuance et de la réflexion profonde.
Cette dichotomie soulève des défis complexes pour la démocratie congolaise. D’un côté, le savoir silencieux peut conduire à une gouvernance opaque, à des compromis non divulgués et à une concentration de pouvoir entre les mains de quelques-uns, sapant ainsi la transparence et la reddition de comptes. De l’autre côté, la parole bruyante, bien que cruciale pour la mobilisation populaire et la défense des droits, peut parfois conduire à une rhétorique polarisante, aux conflits stériles et à une gouvernance basée sur la démagogie plutôt que sur la raison.
Pour la RDC, la résolution de cette dichotomie exige une redéfinition du leadership politique et de la représentation démocratique. Un équilibre subtil entre le savoir silencieux et la parole bruyante doit être recherché, favorisant une gouvernance inclusive, transparente et éclairée. Cela nécessite également une reconnaissance des diverses formes de savoir et d’expression, en intégrant les traditions locales, la sagesse communautaire et les aspirations démocratiques contemporaines.
En fin de compte, la RDC se trouve à la croisée des chemins, confrontée à la nécessité de concilier les forces du savoir silencieux et de la parole bruyante pour forger un avenir politique plus juste et plus équitable. Cette quête exige une réflexion profonde, une ouverture au dialogue et un engagement envers une vision de leadership qui intègre la richesse de la diversité congolaise tout en construisant des ponts vers l’unité et la prospérité pour tous.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR













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