Le torchon brûle entre la communauté locale et l’entreprise minière Kibali Gold Mining, et pour cause : une discrimination flagrante en matière d’emploi et d’accès aux marchés. Malgré ses promesses initiales, la société, une fois installée dans la région, a choisi la voie du mépris envers ses hôtes légendaires de l’Espace Grande-Orientale.
C’est ce qu’a dénoncé avec véhémence M. Jean-Faustin Ataduama un cadre de l’Association pour la Défense des Droits des Autochtones (ADDA), de Secteur Kibali, lors d’une conférence de presse tenue récemment. Selon lui, depuis son passage à la phase d’exploitation, Kibali Gold Mining ignore délibérément les droits et revendications des populations locales.
Pis encore, l’entreprise se distingue par une discrimination criante dans ses pratiques d’embauche et d’attribution des marchés. En témoigne la suspension arbitraire d’une centaine d’employés sous-traités par KMS, sanctionnés pour avoir osé réclamer l’égalité de traitement avec leurs collègues recrutés dans d’autres provinces. Les victimes de ces pratiques iniques révèlent une hiérarchisation scandaleuse des salariés.
Les autochtones, minoritaires dans leur propre terre, sont systématiquement relégués à des postes subalternes, privés des avantages substantiels réservés aux travailleurs venus des provinces lointaines. Ces derniers, traités comme des privilégiés, monopolisent les postes de commande et bénéficient de conditions quasi-expatriées, creusant ainsi un fossé d’injustice insupportable.
Mais pour M. Jean- Faustin Ataduama , cette situation n’est que la partie émergée de l’iceberg. La communauté locale, exaspérée, ne supporte plus les agissements de Kibali Gold Mining, qui bafoue allègrement les autorités traditionnelles et provinciales. Il dénonce pêle-mêle les campagnes diffamatoires contre Sa Majesté le Chef de Secteur.
Les manœuvres d’influence, et le mépris affiché envers les résolutions prises sous l’égide du Gouverneur – notamment celles concernant l’octroi des marchés aux entreprises locales regroupées au sein du G20. Monsieur Jean Faustin Ataduama a également souligné qu’au lieu de former et de privilégier la main-d’œuvre locale, Kibali Gold Mining, après plus de quinze années d’activité dans le Haut-Uélé.
Il persiste dans le luxe déplacé d’importer des travailleurs . Par ailleurs, loin de mettre en œuvre des projets répondant aux aspirations communautaires, la société s’autorise à sacrifier l’intérêt général sur l’autel de ses ambitions professionnelles, en réalisant des ouvrages conformes à ses seuls désirs, qu’elle ose pourtant attribuer à la communauté.
L’exemple le plus flagrant reste cette kermesse érigée en lieu et place de l’université pourtant réclamée par la population, laquelle aurait été bien plus utile au développement du milieu. Défenseur infatigable des droits des autochtones, M. Jean- Faustin Ataduama a lancé un ultimatum à Kibali Gold Mining, mettant en garde contre la colère grandissante de la communauté.
« Ce dérapage perdure depuis trop longtemps », a-t-il martelé, laissant planer la menace d’une mobilisation générale si rien n’est fait. Tout en appelant au calme les employés lésés, il a assuré que les associations de défense des droits autochtones suivraient de près l’évolution du dossier, exigeant réparation pour ces injustices persistantes.
Madeleine Kabombiandré / Lobjectif.net













