Dans un élan de désespoir, Jean-Pierre Bemba Gombo, Vice-Premier Ministre des Transports, a récemment adressé une lettre au Secrétaire Général aux Transports, Voies de Communication et Désenclavement, suite aux tragiques naufrages qui ont endeuillé la RDC. En apparence, cette missive semble empreinte de préoccupations légitimes pour la sécurité de nos compatriotes.
Pourtant, une analyse plus approfondie révèle une série d’incohérences et d’interrogations qui soulèvent le voile sur une gestion des transports maritimes plus que défaillante. La première question qui vient à l’esprit est celle de la proactivité. Pourquoi Bemba ne prend-il ces mesures qu’après des drames aussi dévastateurs ? “Gouverner, c’est prévoir”, dit-on.
Cette maxime, pourtant simple, semble avoir échappé au Vice-Premier Ministre Bemba. Les naufrages tragiques ne sont pas des événements isolés, mais le résultat d’une négligence systémique et d’un manque d’anticipation. Pourquoi n’a-t-il pas agi en amont pour éviter ces tragédies ? Cette lettre apparaît non pas comme un acte de leadership, mais comme une réaction désespérée.
Elle apparaît comme une tentative de masquer son incapacité à gérer un secteur en crise. Les mesures proposées par Jean-Pierre Bemba, bien que pertinentes en théorie, semblent plus être des pansements sur une plaie béante que de véritables solutions. Imposer le port obligatoire de gilets de sauvetage ou réaliser des contrôles techniques des embarcations, cela semble presque trop facile.
C’est comme si le Vice-Premier Ministre tentait de donner l’illusion d’une action significative sans réellement s’attaquer aux racines du problème. Et que dire de l’interdiction de la navigation de nuit ? Cela pourrait sembler une solution pragmatique, mais cela ne fait que déplacer le problème, sans s’attaquer à la nécessité d’une infrastructure adéquate et d’une formation appropriée pour les navigateurs.
Au lieu de cela, Jean-Pierre Bemba Gombo propose des mesures qui, bien qu’elles puissent réduire les risques à la marge, ne remettent pas en cause le fondement même d’une organisation maritime chaotique. La proposition de rendre l’assurance obligatoire pour toutes les embarcations est une autre initiative qui mérite d’être questionnée.
Si l’objectif est de protéger les passagers, pourquoi ne pas obliger les Congolais et les étrangers à s’assurer auprès de la SONAS, l’assureur national ? Cette omission semble indiquer un manque de vision, voire une opportunité ratée pour renforcer un secteur crucial tout en protégeant les citoyens. Au lieu de cela, Jean-Pierre Bemba semble se contenter d’une solution générique.
Un prétexte pour passer l’émoi national sans égard pour les bénéfices potentiels d’une telle décision pour l’économie nationale. Enfin, suspendre les commissaires lacustres ou fluviaux sans une analyse approfondie de la chaîne de responsabilités ne fait qu’illustrer une culture de la fuite en avant. Quid des véritables décideurs, des politiques et des systèmes de régulation qui ont permis cette situation ?
Jean-Pierre Bemba semble vouloir faire payer les petits acteurs, tout en évitant de toucher aux véritables coupables. Cette approche dilue la responsabilité et ne fait que renforcer l’impunité dans un système déjà gangrené. La lettre de Jean-Pierre Bemba est le reflet d’une gestion des transports qui a échoué à anticiper et à protéger les vies humaines.
Plutôt que de se concentrer sur des mesures superficielles, il est impératif de réfléchir à une réforme en profondeur du secteur maritime. La sécurité de nos compatriotes ne devrait pas être une réaction à des tragédies, mais une priorité constante. Le VPM Bemba doit comprendre que gouverner, c’est également assumer ses responsabilités. C’est agir avec vision et détermination. Les vies de nos concitoyens en dépendent.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR













