La piste de Mulonde, un enjeu foncier qui suscite débats et controverses, mérite d’être examinée sous un prisme objectif pour comprendre les multiples couches de son histoire. Selon les témoignages recueillis par trois ONG, la saga de cette concession ne se limite pas à une simple question de propriété, mais soulève des problématiques profondes sur la gestion des terres et l’héritage colonial en RDC.
L’histoire de Mulonde commence avec un personnage clé : M. Pala, un Allemand qui aurait été le premier propriétaire de cette concession. Selon les villageois de Mulonde, M. Pala a cédé la concession à plusieurs familles grecques, marquant le début d’une série de locataires. Le premier fut M. Kipeke Peke, suivi de M. Elias, puis de la famille Stavros.
C’est cette dernière qui, avec la famille Mikita, aurait véritablement exploité la piste, transformant le terrain en aérodrome, bien que de manière sporadique. Un point essentiel à noter est que, malgré la création de l’aérodrome par Pala, son utilisation fut limitée. La plupart des locataires, à l’exception des familles Stavros et Mikita, n’avaient pas d’aéronefs.
Ce qui rendait l’exploitation de la piste presque insignifiante. Cela soulève la question : pourquoi une telle concession a-t-elle été maintenue si peu utilisée pendant tant d’années ? La situation se complique avec l’arrivée de M. Luvunzu, un Congolais qui, après la période grecque, prend possession de la concession. Ce changement de mains reflète un phénomène plus large.
L’évolution des droits fonciers en RDC, où les terres passent d’une main à l’autre sans toujours respecter les droits des populations locales. Ce cycle se poursuit avec M. Katebe Katoto, qui acquiert la concession pour finalement la revendre à son frère, M. Katumbi. Ce dernier, en prenant possession de la Piste de Mulonde, a fait l’objet d’un intérêt renouvelé pour le développement du site.
Cependant, il est crucial de se demander si cette revitalisation se fait en accord avec les communautés locales et dans le respect de leurs droits. La quasi-disparition de la piste, ensevelie sous des hautes herbes et des arbustes avant l’arrivée de Katumbi, symbolise à la fois l’abandon et l’oubli des promesses faites par des générations de propriétaires successifs.
La piste de Mulonde est bien plus qu’un simple terrain : elle est le reflet des tensions historiques qui entourent la propriété foncière en RDC. Les témoignages des villageois, couplés aux récits des ONG, mettent en lumière la nécessité d’un dialogue transparent et inclusif sur la gestion des terres. La vraie histoire de Mulonde est celle des luttes pour la reconnaissance.
D’abord celle de la justice foncière, et ensuite de la nécessité d’un avenir qui respecte les droits des Congolais tout en reconnaissant les complexités de leur passé. Ce dossier, loin d’être clos, appelle à une réflexion profonde sur la manière dont les ressources et les terres sont gérées dans le pays, en tenant compte des voix souvent marginalisées dans ces discussions cruciales.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR













