Enlevé par des hommes armés en civil depuis le mardi 13 février 2024, aux alentours de 15 heures au barpub de l’hotel Rotana, sur ordre et instruction personnels du ministre des Finances Nicolas Kazadi, puis conduit dans son bureau pour y être hué par le personnel administratif de son ministère pendant près de 1 heure, le docteur Matusila Jean Baptiste se retrouve, en ce moment, à la prison centrale de Makala.
Jusqu’au moment où ces lignes sont couchées, le plaignant est introuvable malgré une instruction expéditive au parquet de Grande instance de Kinshasa/Gombe. D’après la famille de l’infortuné médecin, ainsi que ses avocats, c’est le ministre Nicolas Kazadi qui a disponibilisé les voitures commises à sa suite ainsi que sa jeep personnelle pour faire enlever le docteur Jean-Baptiste Matusila “sans mandat ni un quelconque document” pouvant permettre une confrontation pour signifier ce dont il reproche au Dr Matusila Jean-Bapstiste le privant arbitrairement de sa liberté de mouvement et de circulation.
Quels sont les griefs contre Dr Matusila pour mériter un traitement dégradant et inhumain sur les réseaux sociaux ? Dans un mémo adressée récemment aux autorités politico-judiciaires et administratives du pays, dont une copie est parvenue à notre rédaction, la famille du Dr Matusila dénonce une “arrestation arbitraire et détention irrégulière de son Jean-Baptiste MATUSILA MALUNGENI, dans le Dossier RMP 41888/PR021/2024/MAB du Parquet de Grande Instance de Kinshasa/Gombe”.
Rapportant les faits, le document révèle qu’en tant qu’expert avéré dans le domaine de la santé et ayant en sa charge l’accompagnement des patients souffrant des pathologies diverses, le docteur MATUSILA MALUNGENI Jean-Baptiste, médecin spécialiste de son état, alors qu’il se rendait en consultation dans un cabinet médical à Gombe, en date du 13 février 2024, juste après avoir honoré dans le cadre de l’exercice de sa profession des consultations dans un cabinet médical situé dans la commune de Kasa-vubu, reçu un appel téléphonique insistant d’une de ses connaissances lui demandant de les retrouver à l’hôtel Rotana sur demande du Docteur MUKOKO SUMBU alias “LO-AMU” qu’il avait rencontré pour la première fois 4 jours plutôt fortuitement, sans doute pour partager un verre de jus en toute confraternité.
En avance sur son planing, l’hôtel Rotana se présentant sur son chemin, il décida d’y faire une halte rapide afin de rencontrer le docteur MUKOKO Sumbu et sa connaissance et profiter pour s’excuser de vive voix du fait qu’il ne pourrait s’attarder sur les lieux compte tenu de son planning du jour et par ricochet connaître l’objet réel de cette insistance.
Arrivé à l’hôtel Rotana aux alentours de 14 h 45, à peine le temps d’apercevoir le Docteur MUKOKO qui était attablé avec 2 autres personnes dans l’un des espaces du bar-pub de l’hotel Rotana, au premier étage, de s’en approcher et d’échanger des civilités qu’un groupe de 4 hommes armés en tenue civile se rapprochèrent d’eux en demandant : « Où est docta » ?
Comme il est une habitude kinoise d’attribuer le sobriquet de docta à tous les médecins, le docteur Matusila Jean Baptiste et le docteur MUKOKO se retournèrent pour demander à ces hommes armés en civil : “Quel docta cherchez-vous ?”. Ne sachant pas lequel des “doctas” ils avaient pour mission d’enlever, les hommes armés emmenèrent les deux docteurs, ainsi que la personne avec qui le docteur Mukoko discutait, à la stupeur et la grande surprise de tous.
Ne brandissant aucun mandat, ces “barbouzes” se sont présentés comme envoyés du ministre des Finances, Nicolas Kazadi, membre du gouvernement démissionnaire SAMA LUKONDE, peut-on lire dans le document. “C’est alors que le docteur MATUSILA Jean Baptiste ainsi que les 3 autres personnes furent embarqués dans l’ascenseur sans résistance, en plein jour.
On les conduisit dans le parking du sous-sol de l’hôtel où attendait le véhicule personnel et deux autres véhicules d’escorte du ministre Nicolas Kazadi pour les acheminer dans les locaux du ministère des Finances”, témoigne le propre frère de la victime. Puis d’ajouter : “Une fois arrivé au ministère des Finances, manu militari, ils furent présentés devant ledit ministre qui les attendait au hall avec un comité d’accueil constitué des gens munis de caméras, qui se mirent à les filmer et à les huer comme des bêtes de foire. Docteur Jean Baptiste MATUSILA ne sachant pas, jusque-là, de quoi il était réellement reproché!”.
Sur ordre et instruction du ministre Nicolas Kazadi, tous ont été menottés dans l’enceinte du ministère des Finances, puis conduits dans les bureaux du ministre. Une heure s’est écoulée avant d’être acheminés au Parquet de Grande Instance de Kinshasa/Gombe où ils furent informés qu’il leur était reproché d'”association de malfaiteurs et exortion des fonds à travers un réseau de facilitateurs de paiement des dettes publiques internes et d’être en train de faire du chantage aux gens au nom du Ministre des Finances”.
Au lendemain de leur enlèvement, donc moins de 48 heures dans les locaux du parquet, après une audition sommaire, un mandat d’arrêt provisoire va conduire le docteur MATUSILA Jean Baptiste ainsi que les 5 autres co-prévenus à la prison central de Makala sans la moindre confrontation ni avec la ou les prétendues victimes ou plaignants, ni avec les autres co-accusés afin de tirer au clair tous les faits leurs reprochés.
Au regard des faits tels que relatés, plusieurs observateurs relèvent les irrégularités qui jonchent l’instruction cavalière de ce dossier, notamment :
- Interpellation du docteur Jean Baptiste MATUSILA sans mandat par des inconnus mardi le 13 février 2024 ;
- Conduite manu militari et séquestration au cabinet du Ministre des Finances du docteur Jean Baptiste MATUSILA le même mardi 13 février ;
- Mise sous mandat d’arrêt provisoire sans réalisation des conditions de mise en détention préventive, en violation de l’article 27 du code de procédure pénale, et sans confrontation avec le plaignant qui demeure inconnu jusqu’à ce jour, puisque le ministre Nicolas Kazadi se refuse à toute forme de confrontation ;
- Non-qualification de la prévention précise retenue à charge du docteur Jean Baptiste MATUSILA ;
- Présentation du docteur Jean Baptiste MATUSILA en chambre du conseil le 22 février 2024, soit plus de cinq jours après sa mise en détention, en violation de l’article 28 alinéa 2 du code de procédure pénale.
Somme toute, les observateurs et la famille continuent de s’interroger sur ce que cherche réellement ce membre du gouvernement démissionnaire Sama ! Dossier à suivre.
Tchèques Bukasa













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