Le paysage politique congolais est en ébullition depuis que Jean-Pierre Lihau, Vice-Premier Ministre en charge de la Fonction publique, a décidé de suspendre le Secrétaire général du Numérique pour des manquements graves. Cette décision, pour le moins inattendue, met en lumière des pratiques obscures au sein du gouvernement et soulève des questions sur l’intégrité et la transparence des institutions publiques.
Au cœur du scandale, des accusations de détournement de fonds. Selon les premières investigations, le Secrétaire général aurait utilisé une enveloppe budgétaire destinée aux salaires des agents du secrétariat pour financer des primes allouées à des personnes n’ayant ni statut de fonctionnaire ni lien direct avec la mission du Numérique.
Ce choix, qui semble ignorer les principes d’objectivité et de neutralité, jette une ombre sur la gestion des ressources publiques et attire l’attention sur les pratiques de favoritisme qui peuvent prévaloir au sein de l’administration. Les allégations vont plus loin, évoquant des liens familiaux et politiques qui auraient influencé l’attribution de ces primes.
Dans un contexte où la transparence et la méritocratie devraient être des valeurs cardinales, cet épisode jette un doute sur l’intégrité de ceux qui occupent des postes clés au sein de l’administration. Jean-Pierre Lihau, en mettant en lumière ces comportements, se positionne comme un défenseur de l’éthique publique, mais cela soulève également des interrogations sur la culture des réseaux au sein de l’État.
L’ouverture d’une enquête semble être une réponse appropriée à cette situation alarmante. Toutefois, il est essentiel que cette enquête soit menée avec rigueur et impartialité. Les résultats de celle-ci pourraient avoir des répercussions significatives sur la confiance du public envers les institutions gouvernementales.
Les citoyens sont en droit d’attendre des explications claires et des mesures concrètes pour éviter que de telles dérives ne se reproduisent à l’avenir. Cet incident met en lumière un problème plus large : celui de la gestion des ressources humaines dans la fonction publique. La question de l’intégrité et de la compétence des hauts fonctionnaires doit être au cœur des préoccupations des décideurs.
La suspension du Secrétaire général du Numérique pourrait être le catalyseur d’une réflexion profonde sur la nécessité d’une réforme durable au sein de l’administration publique, visant à garantir la responsabilité et l’imputabilité. Jean-Pierre Lihau, par son acte, pourrait bien être à la croisée des chemins. Il doit désormais être proactif.
S’il parvient à mener cette affaire à terme avec transparence et détermination, il pourrait redorer le blason d’une fonction publique souvent critiquée pour ses manquements. Le nombre anormalement élevé des scandales dans les différentes administrations en République Démocratique du Congo pousse tout de même à questionner notre perception de la vie en société.
En revanche, si les résultats de l’enquête laissent place à des manipulations ou à des compromis, cela pourrait entacher davantage la confiance du public dans ses institutions. Dans tous les cas, cet épisode rappelle que le combat pour l’intégrité au sein du gouvernement est loin d’être gagné et que la vigilance reste de mise.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR