Dans de nombreuses sociétés contemporaines, un phénomène préoccupant émerge : le cycle de résignation. Ce cycle se caractérise par une déconnexion croissante entre les élites dirigeantes et les citoyens, créant un environnement où l’inaction et le désespoir se répandent. En RDC, c’est encore pire qu’ailleurs.
Les dynamiques de ce cycle, en mettant en lumière la défaillance des élites et son impact sur un peuple accablé sont nombreuses. Les élites, qu’elles soient politiques, économiques ou culturelles, sont souvent perçues comme les architectes du changement et du progrès. Cependant, dans de nombreux cas, elles échouent à répondre aux attentes de la population.
Que ce soit par incompétence, par égoïsme ou par manque de vision, leur incapacité à résoudre les problèmes sociaux, économiques et environnementaux contribue à la désillusion collective. Des promesses non tenues, des réformes mal exécutées et un manque de transparence alimentent un sentiment de trahison parmi les citoyens.
Les élites, qui devraient être des agents de changement, deviennent souvent des symboles de stagnation et de déception. Cette défaillance crée un fossé de confiance, où les citoyens se sentent méprisés et ignorés. En réaction à cette défaillance des élites, le peuple se retrouve dans un état de résignation. Ce phénomène se manifeste par une perte de foi dans les institutions.
Il se manifeste par un désengagement civique et une apathie généralisée. Les citoyens, accablés par des difficultés économiques, des injustices sociales et des crises environnementales, commencent à croire que le changement est impossible. Cette résignation s’accompagne souvent d’une normalisation de la souffrance. Les gens s’habituent à vivre dans des conditions précaires.
Ils acceptent des situations qu’ils auraient autrefois rejetées. Cette acceptation passive de l’inacceptable freine l’émergence de mouvements sociaux et d’initiatives citoyennes qui pourraient contester l’ordre établi. Le cycle de résignation est auto-entretenu. La défaillance des élites entraîne la résignation du peuple, qui à son tour renforce le pouvoir des élites.
Lorsque les citoyens cessent de se battre pour leurs droits et leurs besoins, les élites se sentent peu incitées à changer leur comportement. Ce cercle vicieux peut mener à une stagnation prolongée, où la souffrance des citoyens devient la norme et où le changement devient de plus en plus difficile à réaliser. Pour briser ce cycle de résignation, il est essentiel de rétablir la confiance entre les élites et le peuple.
Les conséquences de ce cycle sont profondes : désespoir, radicalisation, émigration et, dans certains cas, la montée de mouvements populistes qui promettent des solutions simplistes à des problèmes complexes. Ces mouvements exploitent la frustration et le ressentiment, mais manquent souvent d’un véritable programme de changement.
Cela nécessite un engagement sincère des dirigeants à écouter les préoccupations des citoyens et à agir de manière responsable et transparente. Des processus participatifs, où les citoyens peuvent influencer les décisions politiques, sont également cruciaux pour restaurer un sentiment d’appartenance et d’agence. La transparence doit être au centre des décisions.
De plus, il est vital de promouvoir une éducation civique qui encourage l’engagement et la participation active. Les citoyens doivent être armés des outils nécessaires pour revendiquer leurs droits et exiger des comptes à leurs dirigeants. Le cycle de résignation, alimenté par une élite défaillante et un peuple accablé, constitue un défi majeur pour nos sociétés contemporaines.
La prise de conscience de ce cycle est la première étape vers le changement. En rétablissant la confiance, en favorisant la participation citoyenne et en exigeant une responsabilité accrue des élites, il est possible de briser ce cycle et de construire un avenir où le progrès et la justice sociale ne sont pas seulement des idéaux, mais des réalités vécues.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR













