Le droit international moderne, souvent présenté comme un système neutre et universel, trouve en réalité ses racines dans l’histoire européenne du 17ème siècle, marquée par l’expansion des empires coloniaux. Trois caractéristiques principales mettent en lumière la nature complexe et controversée de ce système juridique.
Premièrement, le droit international a été historiquement utilisé pour légitimer la division du monde entre les états civilisés et les états non-civilisés. Cette distinction, loin d’être anodine, a servi à justifier l’exploitation et la domination des peuples considérés comme inférieurs. Ainsi, le droit international a souvent été un instrument de perpétuation des inégalités et des injustices entre nations.
Deuxièmement, les états européens ou occidentaux ont longtemps considéré que leur personnalité juridique était supérieure à celle des autres états, qu’ils qualifiaient de non civilisés. Cette vision ethno-centriste a conduit à une hiérarchisation des nations, où devenir civilisé revenait à s’aligner sur les normes occidentales en général et européennes en particulier.
Cette conception biaisée a perduré dans les relations internationales, influençant les dynamiques de pouvoir et de domination entre les états. Troisièmement, le droit international a été utilisé pour légitimer l’expansion des empires européens et la colonisation de vastes territoires à travers le monde. Ainsi certaines nations principalement européennes se trouvent sur les cinq continents.
Les notions de souveraineté, d’indépendance et de civilisation ont été définies exclusivement par les états européens, qui ont imposé leurs propres critères et standards aux autres nations. Ainsi, le droit international a été un outil de justification des politiques impérialistes et des pratiques colonialistes, au détriment des peuples autochtones et des cultures locales.
Le droit international moderne, loin d’être un système impartial et égalitaire, porte en lui les stigmates d’une histoire marquée par l’impérialisme et la domination. Il est essentiel de reconnaître et de déconstruire ces héritages européens afin de promouvoir un ordre juridique international plus juste et équitable pour tous les peuples du monde.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR