Le procès contre les membres de l’Alliance des Forces Congolaises (AFC-M23) suscite des passions et des controverses en RD Congo. Accusé de saper l’ordre public et de troubler la paix, le mouvement politique dirigé par Corneille Nangaa Yobeluo se retrouve dans le viseur du régime qui a décidé de rétablir la stabilité dans l’Est.
Corneille Nangaa Yobeluo n’a pas hésité à qualifier le procès de « vaste blague », soulevant des questions sur la véritable nature des accusations portées. Dans un pays où le cadre démocratique est souvent remis en question, le procès de l’AFC-M23 semble s’inscrire dans une stratégie plus large de répression des voix dissidentes.
Les tensions politiques, exacerbées par une économie en crise et des défis sécuritaires croissants, créent un terreau fertile pour des accusations souvent perçues comme opportunistes. Corneille Nangaa, en qualifiant ce procès de distraction, met en lumière une réalité que d’aucuns jugeraient nécessaire de prendre au sérieux : un régime aux abois, cherchant à détourner l’attention du public.
Les accusations portées contre l’AFC-M23 soulèvent des interrogations quant à leur fondement. De nombreux observateurs s’accordent à dire qu’elles manquent de preuves tangibles et semblent davantage motivées par des considérations politiques que par un véritable souci de justice. La réputation du système judiciaire congolais, instrumentalisé par le pouvoir en place, renforce cette impression.
Dans ce contexte, le procès apparaît comme une manœuvre pour affaiblir un adversaire politique, plutôt qu’un véritable processus judiciaire. Corneille Nangaa évoque également l’ignorance et le populisme qui, selon lui, caractérisent les motivations du régime. En effet, dans un pays où l’accès à l’information reste limité, les dirigeants peuvent facilement manipuler l’opinion publique en utilisant des discours populistes.
Ce procès pourrait ainsi être interprété comme une tentative de galvaniser les masses autour d’un ennemi commun, tout en détournant l’attention des véritables enjeux socio-économiques auxquels la population fait face. En poursuivant l’AFC-M23, le régime en place prend le risque de renforcer la sympathie du public envers ce mouvement.
Les accusations, perçues comme des attaques politiques, pourraient se retourner contre ceux qui les portent. C’est l’impression que donne le nouveau ministre d’état en charge de la justice. Dans un climat déjà tendu, cette stratégie pourrait alimenter des sentiments d’injustice et de résistance au sein de la population. Le procès contre l’AFC-M23 est bien plus qu’une simple affaire judiciaire.
Il s’inscrit dans un contexte politique complexe, où les enjeux de pouvoir et la quête de légitimité se heurtent à la nécessité d’un véritable dialogue démocratique. En qualifiant ce procès de « vaste blague », Corneille Nangaa soulève une question essentielle : à quel point les institutions judiciaires peuvent-elles être perçues comme impartiales dans un environnement où le populisme et l’ignorance semblent dominer ? La réponse à cette question pourrait bien déterminer en partie l’avenir politique de la RD Congo.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR