Dans un revirement aussi ironique que déconcertant, le Centre Pénitentiaire de Rééducation de Makala accueille depuis trop longtemps Jean-Marc Kabund-a-Kabund, une figure politiquement improbable dans les barreaux de la démocratie. L’emprisonnement de cet opposant autrefois respecté soulève des questions dérangeantes sur la nature changeante du pouvoir et la fragilité des principes démocratiques.
En théorie, une démocratie s’épanouit grâce à la diversité des voix et à la confrontation d’idées divergentes. Cependant, lorsque ces voix dissidentes sont réduites au silence derrière les murs d’une prison, le tissu même de la démocratie se trouve compromis. Nul ne peut utiliser une des institutions de la république pour museler ses contradicteurs.
L’emprisonnement de Kabund-a-Kabund souligne un paradoxe troublant : comment un régime qui a émergé sur la promesse de transparence et d’intégrité peut-il justifier la détention de ceux qui ont eu le courage de pointer du doigt les failles du système ? L’ironie cruelle de cette situation réside dans le fait que les critiques émises par le Président Kabund se sont révélées prophétiques.
Son intégrité et son attachement à la vérité, des qualités qui ont servi à l’ascension du régime actuel au pouvoir, semblent maintenant être des motifs d’accusation. Plutôt que d’embrasser la diversité des opinions et de reconnaître les erreurs commises qui sont admises par tous, le pouvoir en place a choisi la voie de la répression, transformant ainsi un défenseur de la démocratie en prisonnier politique.
Alors que les barreaux se sont refermés sur Kabund-a-Kabund, il est crucial de se rappeler que la force d’une démocratie réside dans sa capacité à tolérer la dissidence et à apprendre de ses propres erreurs. L’emprisonnement de cet opposant, ancien numéro 2 du régime, devrait servir de rappel poignant pour tous ceux qui croient en la valeur de la liberté d’expression et du débat démocratique.
L’emprisonnement de Jean-Marc Kabund-a-Kabund au Centre Pénitentiaire de Rééducation de Makala illustre de manière poignante les paradoxes et les défis auxquels la démocratie congolaise est confrontée. Dans un monde où la vérité et l’intégrité sont de plus en plus rares, la persécution des dissidents devient non seulement baroque, mais aussi une menace pour les fondements mêmes de nos sociétés.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR













