L’enseignement en RDC : une salle d’attente ?

Depuis plusieurs années, le métier enseignant est classé parmi les métiers de second ordre au Congo. Ce constat amer est le résultat de la mauvaise rémunération allouée à ce corps de métier.

Aussi, les actuels enseignants congolais sont-ils soumis à toutes les mauvaises conditions de vie : mal payés, mal vêtus, mal logés… Tentés, on le serait de conclure qu’ils sont au bas de l’échelle sociale du pays. On comprend dès lors que face à cet état de choses, les jeunes congolais aspirant à exercer ce noble métier soient à compter au bout des doigts.

 D’ailleurs, le nombre d’étudiants en formation dans les instituts supérieurs pédagogiques et instituts supérieurs pédagogiques techniques destinés à former les enseignants du secondaire baisse sensiblement d’une année académique à une autre. C’est pourquoi, il parait opportun de tirer la sonnette d’alarme pour avertir tous les congolais et toutes les congolaises que bientôt les écoles primaires et secondaires manqueront d’enseignants.  Plus déplorables encore, il est courant d’entendre les enseignants dire : « l’enseignement est une salle qu’ils d’attente…nous y tuons notre temps » c’est-à-dire qu’ils exercent ce métier non pas avec enthousiasme comme ce serait le cas pour un passe-temps mais ils le font bien malgré eux, en attendant de trouver un emploi plus rémunérateur. C’est dire aussi qu’ils considèrent l’enseignement comme un chômage déguisé. Il devient ainsi plus aisé de comprendre qu’avec cet état d’esprit, les enseignants ne peuvent pas se donner entièrement à leur métier.

 Que devient donc l’enseignement congolais aujourd’hui ? Malheureusement à ce jour l’on constate que les enseignants congolais se classent en deux catégories : les qualifiés et les sous-qualifiés. Les qualifiés sont soit diplômés en pédagogie appliquée soit agrégés de l’enseignement secondaire. Par contre, les sous-qualifiés sont des diplômés des instituts supérieurs et universitaires n’ayant pas suivi une formation pédagogique. Et, si ces derniers en viennent à considérer l’enseignement comme une «  salle d’attente ou tue-temps» cela peut se comprendre dans une certaine mesure. Mais cette attitude devient fatale pour l’avenir du Congo lorsque ceux qui ont été formés pour exercer cette noble tâche se mettent à penser comme les sous-qualifiés.

Il n’est pas sans doute que l’enseignement est alors bâclé. Les effets en sont rudement ressentis lorsque l’on observe par exemple les difficultés de tout ordre rencontrées par l’étudiant en premier graduat ou même finaliste du premier ou second cycle pour la rédaction qui d’un T.P, d’un TFC ou encore d’un mémoire. Pourrait-on vraiment lui reprocher de ne pas savoir rendre un raisonnement cohérent et ordonné dans la réalisation des dites tâches si, celui qui était censé de lui apprendre n’avait déjà pas la compétence ou n’avait pas su y mettre son cœur et son ardeur ? Le Congo démocratique pour se construire exige une nouvelle mentalité, une renaissance de tous les congolais sans exception aucune.

Etre enseignant comme un déchet, un être sans valeur ou encore à le traiter comme quantité négligeable. Sachons qu’il est sans doute un bâtisseur du pays comme tous les autres congolais (Président, Ministre, Pasteur, Journaliste…). Le salaire que ce dernier réclame à cor et à cri n’est pas une faveur ni une aumône quémandée, c’est son droit le plus légitime.

De même, nous pensons que si la bible dit : « Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux : un temps pour naitre et un temps pour mourir… (Ecclésiaste 3 :1-8) ; il est aussi temps que la fonction enseignante soit revalorisée en République démocratique du Congo.

LONGIN KIZOBO LANGH et JEAN PAUL KAMANGO

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