Les élections pointent à l’horizon. Il y a quelques semaines, Joseph Kabila a été ovationné par la population de Tshangu sur le Boulevard Lumumba. Êtes-vous favorable à son retour aux affaires ?

Des voix s’élèvent pour réclamer que Kabila se présente à l’élection présidentielle de 2023. Enfer et damnation! La dernière personne en date n’est autre que son épouse Marie-Olive Lembe Kabila. Pince-sans-rire, elle tint à peu près ce langage: l’ex Raïs Joseph Kabila aime beaucoup son pays. Il est encore jeune et peut contribuer au développement du pays, tutti quanti. Elle vociféra qu’il sait tenir ses engagements, c’est un homme de parole. Stupeur et tremblements!

Régulièrement, des membres du FCC (Front commun pour le Congo) évoquent un retour possible de Kabila aux affaires avec des trémolos dans la voix. Pas étonnant. D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, les ventriotes perçoivent d’abord leurs propres intérêts. Ils savent que l’ex Raïs est assis sur une montagne de sous. Ils espèrent ramasser quelques miettes pour financer leurs campagnes électorales. Ils veulent donc juste lui piquer un peu de fric. Saperlipopette! 

Justin Mukaya: en tous cas, sur ce point, je ne suis ni pour ni contre, en fait, je suis au milieu, ou sinon, il y a un certain nombre des questions qu’on doit se poser afin de pouvoir avoir une position là-dessus. Est-ce le retour de Kabila va résoudre tous les maux du pays? Est-ce Kabila est le seul capable d’amener le pays vers son émergence, … ? En sus de ce qui précède, s’il faut que je réponde à la question de savoir si je suis favorable au retour de Kabila aux affaires, en tous cas, pour être franc, je ne sais pas vraiment comment prendre position là-dessus, bien sûr, le bilan de Tshisekedi n’est pas si bon jusqu’à maintenant (nous n’allons pas nous voiler la face à ce sujet. Mais aussi, en 18 ans, Kabila a énormément fait dans ce pays, mais la question est de savoir, est-ce qu’on a seulement besoin de lui en ce moment pour mieux avancer ? Je trouve qu’au vu des situations que traverse un pays comme le nôtre, on a besoin des profils et des compétences, pas des profiteurs et voleurs qui ne viennent seulement que pour profiter de leur position afin de se faire de l’argent, et si Kabila remplit les critères dignes de diriger ce pays à nouveau, je suis pour qu’il rentre. Dans le cas contraire, je trouve que son retour n’arrangera rien et on continuera toujours à voir les choses s’empirer du jour au jour. Mais sans vous mentir, ce pays, pour qu’il aille de l’avant, il faut retaper la classe politique congolaise et enlever tous les vieux là ou laisser ceux qui ont envie de mieux faire, tant que notre classe politique est remplie de ces chasseurs d’argent dans le Trésor public, je vous assure rien ne sera fait; et cela même si Kabila rentrait avec les meilleures intentions du monde, il sera toujours bloqué par ceux qui pensent en premier à leurs poches. Si la classe politique congolaise n’est pas corrompue de la tête aux pieds, même avec un mauvais dirigeant, le pays va toujours avancer. Ainsi, le problème n’est pas Kabila ou Tshisekedi ou Fayulu, mais le problème ce que les institutions du pays, de la tête aux pieds sont envahies par des gens incompétents et voleurs qui prônent les antivaleurs. Crois-moi, le problème de ce pays n’est pas d’amener un dirigeant surnaturel, car avec cette même classe politique, même avec Dieu (Jésus Christ) lui-même comme dirigeant, on le traitera toujours d’incompétent car chaque fois qu’il prendra une décision de débloquer un fond pour construire le pont, ce fond-là ne sera pas utilisé pour construire ce pond-là, car cet argent sera détourné par les incompétents afin de construire leurs maisons en France, en Belgique. Dans l’entre temps, rien ne sera toujours fait.

Djo Kabika: la tenue des élections est une obligation constitutionnelle. Celle-ci prévoit également les conditions d’éligibilité. En ce qui concerne l’ancien Président, Joseph Kabila, rien, au regard de l’article 72 de la Constitution ne l’empêche d’être candidat. Mais nous savons tous que le problème n’est pas là. C’est son statut d’ancien Président de la République, à qui la Constitution confère le statut de Sénateur à vie qui pose problème. Que la population de Tshangu, disons une frange de la population de Tshangu, l’ovationne ne résout à mon avis, pas le problème. Le problème est profond. Il s’agit d’une affaire qui touche à l’article 220 de la Constitution et qui est frappé d’intangibilité. En réalité, comprenons qu’il ne s’agit pas de l’avis de qui que ce soit ni encore le mien pour résoudre ce problème. Dans une certaine mesure, c’est à la Cour constitutionnelle de se prononcer afin de fixer l’opinion quant à ce. Ceci relève à la fois du droit d’un congolais d’être candidat mais également du respect de la loi fondamentale d’un État. Le respect des droits et des lois est une composante très importante dans un État qui se veut démocratique. Il sied que les uns et les autres cessent la manipulation qui ne fait qu’envenimer la situation. Dire qu’il peut être candidat ou qu’il ne pourra l’être relève de la seule compétence de la Cour constitutionnelle.

Propos recueillis par Clarisse Mfuamba

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