Le port de Lobito, situé dans la province angolaise de Benguela, a récemment été le théâtre d’une réunion diplomatique de haut niveau qui pourrait redéfinir les dynamiques économiques et politiques en Afrique centrale. Ce sera la principale porte de sortie de l’exploitation minière américaine de la riche province du Lualaba.
En présence de Joe Biden, président sortant des USA, accompagné du président angolais João Lourenço, ainsi que de ceux de la RD Congo, de la Zambie et du vice-président de la Tanzanie qui les ont rejoints. Cet événement a mis en lumière l’importance stratégique du corridor de Lobito en tant qu’axe logistique majeur qui constitue une passerelle pour le transit des ressources naturelles de la RDC vers le monde.
Dans un contexte où la RDC est plongée malgré elle dans une guerre économique entre les États-Unis et la Chine, la revitalisation de cette infrastructure angolaise pourrait servir de levier pour renforcer la position politique et diplomatique du pays face à l’occupation de ses territoires par des forces étrangères. Il faut imposer un couple Congolo-Angolais sur le modèle Franco-Allemand.
La rencontre à Lobito illustre non seulement l’intérêt croissant des États-Unis pour l’Afrique, mais soulève également des questions sur les répercussions de cette collaboration sur la stabilité régionale. Alors que la RDC aspire à se débarrasser des influences néfastes de ses voisins, le soutien américain pourrait s’avérer crucial dans la lutte contre les groupes armés soutenus par le Rwanda et l’Ouganda.
Cependant, cette alliance est-elle véritablement désintéressée ? Les États-Unis, sous l’administration Biden, ont cherché à contrer l’influence sans cesse grandissante de la Chine en République Démocratique du Congo en particulier et en Afrique en général, et le corridor de Lobito pourrait bien être l’un des nombreux fronts de cette guerre économique.
En se positionnant comme un partenaire clé pour la RDC, Washington pourrait non seulement offrir un soutien logistique mais également un soutien stratégique pour contrer les ambitions de Pékin sur le continent. Néanmoins, la visite de Biden à Lobito s’inscrit dans un calendrier politique tendu, avec le changement imminent d’administration aux États-Unis.
Alors que Donald Trump s’apprête à reprendre les rênes, les promesses d’engagement américain en Afrique pourraient se heurter à des priorités internes. Cela soulève des interrogations sur la pérennité des projets initiés dans ce cadre et sur la capacité de la RDC à tirer profit d’un partenariat qui pourrait s’avérer éphémère. La réunion à Lobito ne se contente pas de célébrer l’importance d’un port.
Elle met en exergue l’interconnexion complexe entre infrastructures, géopolitique et aspirations nationales. Pour la République Démocratique du Congo, l’enjeu est de transformer cette opportunité en un véritable levier de développement tout en naviguant habilement entre les intérêts divergents des grandes puissances. Il y a une carte diplomatique à jouer.
Le port de Lobito qui est la porte de sortie vers l’océan du corridor de Lobito se dessine alors comme un symbole des luttes à venir, tant sur le plan économique que politique, dans une région où l’histoire, les ambitions et les conflits s’entrelacent de manière indissociable. C’est à la RDC de se battre et d’imposer son propre agenda tout en défendant ses intérêts dans ses joutes complexes qui se jouent en coulisses.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR













