Dans un monde de plus en plus polarisé, où les opinions se heurtent avec une intensité sans précédent, il est vital de prendre un moment pour réfléchir à une vérité souvent ignorée : parfois, personne n’a raison et personne n’a tort. Ce constat ne doit pas être perçu comme une forme de relativisme débridé, mais plutôt comme une invitation à explorer la complexité des perceptions humaines.
La vérité est une notion élastique, souvent façonnée par notre vécu, notre culture et notre environnement. Ce qui semble évident pour une personne peut paraître incompréhensible pour une autre. Deux individus peuvent observer le même événement et en tirer des conclusions diamétralement opposées, antimoniques et parfois ambivalentes.
Cette subjectivité est le reflet de nos expériences uniques et de notre cadre de référence personnel. Prenons un exemple simple : une discussion sur un sujet controversé, comme le changement climatique. Pour certains, les données scientifiques sont indiscutables et font autorité. Pour d’autres, ces mêmes données peuvent sembler biaisées ou manipulées.
Chacun se base sur sa propre perception des faits, de son éducation, de ses croyances et de ses interactions avec le monde. Dans ce contexte, il devient évident que se justifier devant les autres peut être un exercice futile. En effet, les gens ne comprennent souvent qu’à partir de leur niveau de perception, collecte, compréhension, conception.
Argumenter sans fin pour prouver son point de vue peut conduire à des impasses, où chacun reste campé sur ses positions, sans avancer d’un pouce. Cesser de se justifier ne signifie pas abandonner ses convictions, mais plutôt reconnaître que l’autre peut avoir une vision valable, même si elle diffère de la vôtre. Dans la différence se trouve parfois la richesse.
Cela ouvre la porte à une communication plus authentique, où l’écoute et la compréhension prennent le pas sur le besoin d’avoir raison. Adopter cette perspective nous pousse à développer une compétence essentielle : l’écoute active. Plutôt que de chercher à convaincre, il s’agit d’apprendre à entendre les autres, à comprendre leurs motivations et leurs préoccupations.
En dialoguant, nous pouvons découvrir des points communs insoupçonnés et bâtir des ponts entre des perspectives divergentes. Cette approche ne garantit pas que tout le monde s’accorde sur une vérité unique, mais elle permet d’enrichir la discussion et d’élargir notre propre pensée. De plus, elle favorise un climat de respect mutuel, essentiel dans un monde où les tensions semblent omniprésentes.
Reconnaître que parfois, personne n’a raison et personne n’a tort, c’est embrasser la complexité humaine dans toute sa splendeur. Cela nous rappelle que notre perception n’est qu’un des nombreux prismes à travers lesquels comprendre la réalité. Dans un monde idéal, cette compréhension mutuelle pourrait mener à une coexistence plus harmonieuse.
Plutôt que de se diviser en camps opposés, nous pourrions apprendre à célébrer nos différences comme des opportunités d’enrichissement mutuel. La vie est un vaste tableau de perceptions humaines. Accepter que chacun a sa propre vérité, ancrée dans son vécu, nous invite à cultiver l’empathie, l’apitoiement, la commisération et la curiosité, l’étrangeité, la bizarrerie.
Lorsque nous réalisons que notre propre point de vue n’est qu’une pièce du puzzle, nous ouvrons la porte à une dialogue plus riche, plus nuancé et plus constructif. Dans ce monde complexe, peut-être que la véritable sagesse réside dans la capacité à voir au-delà des certitudes, des évidences et à embrasser la diversité des perceptions, la pluralité des discernements.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR













