Prise en charge des victimes des VSBG en RDC: « l’État défaillant, les ONGs internationales à la rescousse ».

En RDC, des survivantes des violences sexuelles souffrent doublement par manque des prises en charge sanitaire. Les femmes victimes des viols sont souvent abandonnées à leurs tristes sorts.

Des membres des familles ont souvent du mal à digérer, c’est ce qui cause le rejet des survivantes. Ceux qui acceptent la situation et soutiennent des survivantes, ont parfois des moyens limités pour assurer la prise en charge totale. C’est le cas de Sarah (nom d’emprunt) violée par un groupe d’hommes. Orpheline de père et de mère, Sarah 15 ans habite chez sa grande-sœur sans un travail décent relate la victime elle-même. “Un jour, j’allais au marché. Un groupe de jeunes gens habitant une maison inachevée m’avait priée de les aider à acheter des aliments pour eux. Entrée dans la maison inachevée, cette meute de gens s’était retournée contre moi. C’était un guet-apens. La bouche bandée et les bras liés, j’avais été violée tour à tour”, explique la survivante en accord avec sa sœur. Traumatisée, la victime commence à ressentir de fortes douleurs après le forfait. Sa sœur la conduit dans un hôpital. Des frais exorbitants lui sont demandés avant même de pouvoir administrer les premiers soins à la survivante. Cette dernière n’aura la vie sauve que grâce à une dame responsable d’une ONG internationale de la place. Pourtant en RDC, l’article 41 de la Constitution stipule que « les pouvoirs publics ont l’obligation d’assurer une protection aux enfants en situation difficile et de déférer, devant la justice, les auteurs et les complices des actes de violence à l’égard des enfants ». Juliette Seguin, cheffe de mission de Médecins Sans Frontières (MSF) affirme que :  » le problème est reconnu et dénoncé par de nombreux acteurs nationaux et internationaux alors que les actes concrets peinent à venir que ce soit en termes de prévention ou de protection des personnes ». La stigmatisation, l’intimidation, le risque de représailles ou le manque des moyens financiers sont les raisons évoquées par Juliette Seguin pour justifier l’absence d’une prise en charge médicale adéquate. Le viol laisse des séquelles graves chez les victimes. Le docteur Serge Kalala, médecin à l’hôpital kimbanguiste de Lemba en fait part: douleurs aiguës, plaies du vestibule, perforation hyménale, fistules, possible transmission d’une Infection sexuellement transmissible (IST), éventuelle grossesse, traumatismes…  » Les 72 heures qui suivent le viol sont capitales pour éviter les IST et les grossesses non désirées » a martelé le même toubib.

Les ONGs internationales au chevet

Point n’est besoin de s’évertuer à rappeler que le système sanitaire congolais est dans l’ensemble défaillant: manque des subventions de l’État, absence des équipements, infrastructures vétustes, salaires modiques des agents et bien d’autres. En définitive, c’est un personnel peu motivé qui est au service des patients. C’est dans ce contexte que la victime d’un viol arrive dans un centre médical. Fort heureusement que le Fonds des Nations-Unies pour la Population (FNUAP) et l’UNICEF ont formé des équipes spéciales pour la prise en charge médicale des victimes des violences basées sur le genre (VSBG). Mais ces équipes spéciales ne sont pas dans tous les hôpitaux. En outre, ces deux organisations internationales appuient et offrent du matériel pour une prise en charge adéquate. Mais hélas, cette assistance ne saurait être permanente. C’est à l’État congolais de la pérenniser. N’est-ce pas qu’actuellement on parle de plus en plus de la couverture universelle dans les sillages du pouvoir.

La ligne 122 à l’œuvre

Le 06 septembre 2021, la Présidence de la République et le Ministère du Genre avec l’appui du FNUAP et du Bureau Conjoint des Nations-Unies pour les Droits de l’Homme (BCNUDH) ont mis en place une ligne verte (122). Celle-ci permet l’assistance et l’orientation des survivantes des VBG vers les structures de prise en charge. Grâce à cette ligne, une maman de Kinshasa a bénéficié d’une assistance pour la prise en charge de sa fille de 7 ans, violée par son beau-père. Elle a été référée au Centre Intégré des Services Multisectoriels de Ndjili (CISM) où la victime a reçu une prise en charge médicale, psychologique et un accompagnement juridique selon la maman devant sa fille. Plaidoyer de Denis Mukwege Le 15 et 16 mars, le docteur Denis Mukwege a consulté près de 200 femmes et jeunes filles à Kinshasa. Le Prix Nobel de la Paix à suggérer la création des  » centres à guichet unique » pour une prise en charge globale des victimes de viol, de plus en plus nombreux à Kinshasa, selon les données lui confiées à l’Hôpital général de Référence de Kinshasa et Saint Joseph. En outre, le docteur a estimé que le nombre des centres de prise en charge étaient insuffisants. Un pas vient d’être franchi avec la proposition de loi portant exemption de frais de justice pour les survivantes de violences sexuelles. Reste à se battre pour l’exemption des frais de la prise en charge complète.

Gratuité des soins

L’article 25 de la Déclaration universelle des Droits de l’homme garantit le bien-être par les soins médicaux. Dans l’exercice de sa profession, Maître Carine Dimbalengi a plaidé beaucoup de cas de viols. ‘’ Avant même d’aborder le volet juridique, il faut veiller à la santé de la victime. Mais la plupart des familles des victimes sont démunies ‘’. Quant à l’aspect juridique, cette avocate plaide pour combler le vide juridique : une loi sur la gratuité des soins aux victimes des violences sexuelles. Robert Kabakela, Coordonnateur adjoint de la Nouvelle société civile du Congo (NSCC) avoue qu’ils reçoivent des victimes des violences sexuelles. Mais dommage qu’à leur niveau, ils ne disposent pas d’une équipe médicale spécialisée pour la prise en charge. Par conséquent, elles sont renvoyées vers les hôpitaux disposant des équipes spécialisées dans la prise en charge. D’où le plaidoyer pour la vulgarisation de la ligne verte 122. En outre, ces centres sont insuffisants. C’est pourquoi, cet activiste estime qu’il faut les étendre à travers toute la ville.

JM Mawete, JDH.

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