Pierre Kabongo, journaliste à la radio mondiale adventiste : L’article 151 de la Constitution stipule que le pouvoir exécutif (gouvernement) ne peut donner des injonctions au juge dans l’exercice de sa juridiction ni statuer sur le différend ni entraver le cours de la justice ni s’opposer à l’exécution d’une décision de justice. Le pouvoir législatif (Assemblée nationale) ne peut ni statuer sur des différends juridictionnels ni modifier une décision de justice ni s’opposer à son exécution. Toute loi dont l’objectif est manifestement de fournir une solution à un procès en cours est nulle et de nul effet. Dans le cas précis, Kabund s’est opposé à la décision de la justice en voulant organiser les élections.
Jonathan Muyaya, analyste politique : Étant donné qu’il n’y a aucun pouvoir qui soit au-dessus de l’autre mais que les trois pouvoirs (législatif, judiciaire et exécutif) sont appelés à collaborer. Je pense qu’un jugement ou arrêt rendu par un tribunal ou une cour a une force exécutoire. L’Assemblée nationale a tort.
Justin Mukaya, étudiant : Notre pays a une loi fondamentale (Constitution) qui nous guide et nous montre les voies à suivre. Donc dans toute situation, celui qui a raison, c’est celui qui est du côté de la loi et qui défend les intérêts du peuple. Moi, je donne raison à Kabund et au Conseil d’État car je trouve que les députés du FCC ne travaillent que pour leurs poches mais aussi, vu la situation que traverse le pays, cette destitution n’était pas nécessaire. Sous certaines circonstances, je donne raison à celui que la loi donne raison sans oublier aussi que cette loi est modifiée de temps en temps en rapport avec leurs intérêts.
Dan Kazadi : L’Assemblée Nationale précipite les choses vu que la Cour constitutionnelle n’a pas encore pris une décision finale. Le procès est en cours entre Jean-Marc Kabund et les députés qui avaient soulevé cette pétition, et la justice n’a pas encore tranché cette affaire, c’est pour cela que le Conseil d’État a ordonné à l’Assemblée de surseoir cette décision d’organiser les élections pour voir si Kabund a raison ou tort. Mais l’Assemblée s’est entêtée face à la décision du conseil. Elle veut à tout prix organiser les élections, c’est pourquoi il y avait interdiction d’entrer au palais du peuple. Donc, le conseil d’État refuse ces élections mais l’Assemblée nationale cherche à les organiser. La justice reste toujours au-dessus de tout.
Passy Tshiabembi : Entre le Conseil d’État et l’Assemblée nationale, il n’y a pas un lien organique. Sur ce, le Conseil d’État peut décider et l’Assemblée Nationale peut faire appel parce qu’il y a séparation des pouvoirs et chaque pouvoir est indépendant. Le Conseil d’État a appelé la chambre basse du Parlement à surseoir cette élection en attendant l’arrêt de la Cour constitutionnelle vu que la plainte de Jean Marc Kabund a été jugée recevable. Pour clore, l’Assemblée nationale doit respecter la décision du Conseil d’État car il a ce pouvoir de juger les parlementaires.
Nicolas Mpukas, avocat : Ce n’est pas un malentendu, c’est de la politique. Ils ont voulu créer un bras de fer avec la juridiction, ils n’ont pas eu à respecter la juridiction compétente qui avait déjà pris une décision en la matière. C’est de la politique du fait que le Conseil d’État devait répondre dans 48h, mais pas même 24h il répond en ordonnant une suspension immédiate des élections, c’est purement politique parce qu’entre-temps quand le Conseil d’État a ordonné comme ça il a envoyé son arrêt à la Cour constitutionnelle pour qu’on le valide, et maintenant que la Cour constitutionnelle a fait sortir son arrêt, ils feront encore quoi?? Raison pour laquelle Mabunda dit qu’elle a échangé avec le président de la République, qui a demandé de ne pas créer une crise constitutionnelle, alors que le deuxième vice-président de la chambre basse Boniface Balamage a appelé au rejet de l’arrêt du Conseil d’Etat. Voilà pourquoi mes impressions sont tellement positives sur le plan scientifique et négatif sur le plan politique.
Propos recueillis par Clarisse Tshibola
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