Sauts de mouton : les draps sont tirés

Alors qu’ils étaient censés honorer le nouveau Chef de l’Etat en figurant en primeur dans le programme de 100 jours, les sauts de mouton risquent de jeter l’opprobre sur le président Félix Tshisekedi si l’on y prend garde.

A ce jour, aucun de ces six ouvrages n’est ouvert au public. Même celui de Pompage dans la commune de Ngaliema dont l’inauguration avait été annoncée avec pompe par le Directeur de cabinet du Chef de l’Etat Vital Kamerhe n’a pas été ouvert au trafic. Pour rappel, Vital Kamerhe avait annoncé pour le 30 janvier dernier l’ouverture du saut de mouton de Pompage. Là où le bât blesse, ce sont les déclarations fracassantes et contradictoires de différentes autorités. Elles se tirent à boulets rouges se livrant à cœur joie à un jeu de pingpong. Vital Kamerhe parle de 70% quant au  taux de réalisation physique desdits travaux. De son côté, le ministre des Finances SeléYalaghuli évoque un taux de 30%. Pire encore, le délai de livraison de ces ouvrages a été dépassé. Face à cette situation, le Chef de l’Etat ne pouvait rester indifférent. Le garant de la nation est monté au créneau. Question de clarifier les choses. Félix Tshisekedi avait décidé « d’un audit sur l’utilisation des fonds débloqués pour la construction de ces ouvrages », selon le compte-rendu du conseil des ministres du 6 février. Juste après son retour du sommet de l’UA à Addis-Abeba, le Chef de l’État avait entrepris le 13 février une tournée d’inspection des chantiers des sauts-de-mouton. L’occasion faisant le larron, la foule en a profité pour scander des slogans hostiles au directeur de cabinet. Tenez, le peuple clamait : «  Kamerhe moyibi » (Entendez Kamerhe voleur).

Même le parti présidentiel s’en est mêlé. Jean- Marc Kabund, président par intérim de l’Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS) affirme : « Tout porte à croire qu’il s’est réellement passé quelque chose d’anormal. Et le président ai de marteler : « L’UDPS exige la démission de toute personne (…) sur qui repose une once de soupçon dans le cadre du programme des 100 jours du Chef de l’État », lors de son allocution à l’occasion du 38ème anniversaire du parti de Limete au stade des Martyrs de la pentecôte.

Les masques tombent

La première victime de cette opération de coup de balai n’est autre que David Blattner, DG de SAFRICAS. A en croire, le ministre de la Justice Célestin Tunda Ya Kasende, il est reproché à l’homme d’affaires américain sa mauvaise gestion. « Est-ce que ce sont des détournements? Est-ce que ce sont des abus de confiance? C’est le juge qui va le déterminer », a-t-il ajouté.« Sa société avait plus de travaux à faire que d’autres et a même eu à sous-traiter d’autres chantiers », a précisé une source judiciaire proche du dossier citée par la radio Top Congo. Si la justice parvenait à prouver toutes ces allégations, David Blattner serait reconnu coupable avec toutes les conséquences qui en découlent. Dans l’entretemps, le DG bénéficie encore de la présomption d’innocence. Logiquement si l’enquête est menée minutieusement, le sujet américain ne tombera pas seul. Il s’en suivra une chaîne de responsabilités. Blattner est directeur général statutaire de la Safricas-Congo, entreprise du bâtiment et de travaux publics (BTP) établie en RDC depuis 1923. Il est également président directeur général d’une compagnie aérienne assurant des vols intérieurs et internationaux, la Compagnie africaine d’Aviation (CAA) SPRL, et de la Société de Broyage africaine SPRL.

La construction des « sauts de mouton » (des ponts surplombant des carrefours) à Kinshasa, la capitale congolaise, pour tenter de désengorger le trafic routier dans cette mégalopole d’une dizaine de millions d’habitants. Au contraire, les travaux de construction traînant en longueur ont occasionné des embouteillages monstres. Exacerbée, la population surtout celle de Tshangu (district situé dans la partie Est de Kinshasa) ne sait à quel saint se vouer.

Dans le cadre du programme de 100 jours du Chef de l’Etat, les travaux de construction de 6 sauts de mouton avaient été lancés dans la capitale congolaise.

JM Mawete

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