La traversée de la rivière Bomokandi sur la Route Nationale numéro 26, sur l’axe Watsa-Isiro, est devenue un véritable enfer pour les usagers. Entre les embouteillages interminables et les extorsions orchestrées par le chef de secteur Gombari, Jean Paulin Kombomaro, la patience des voyageurs est mise à rude épreuve.
En effet, la situation s’est transformée en un spectacle navrant où l’argent des usagers est siphonné à tour de bras, sans aucune contrepartie. Pour franchir ce fameux péage, il faut débourser 1 000 francs congolais par personne, 7 000 francs pour une moto, et entre 150 000 et 400 000 francs pour une voiture ou un petit camion. Un racket institutionnalisé sous l’égide d’un homme.
Ce nouveau roitelet qui, visiblement, ne connaît pas le mot “décence”. Avec un aplomb déconcertant, Monsieur Jean Paulin Kombomaro revendiquerait une “autonomie de gestion” qui ne sert qu’à alimenter ses propres poches. Ajoutons à cela qu’il se trouverait en coalition avec un groupe Hema, un arrangement qui soulève des questions éthiques sur les véritables motivations derrière ce péage.
Les usagers, quant à eux, se retrouvent piégés. Leurs cris de désespoir face à cette exploitation sont ignorés. L’argent amassé, qui devait théoriquement servir à la reconstruction du pont effondré il y a deux ans, ne semble pas voir le jour. Au lieu de cela, les doutes planent sur le fait que ces revenus soient même canalisés vers le trésor public. Les promesses, tout comme le pont, sont tombées à l’eau.
Et que dire du gouverneur de Province Jean Bakomito Gambu? Informé de cette situation épineuse, il choisit l’option du silence. Un sourd mutisme qui frôle le mépris pour les citoyens qui luttent quotidiennement pour passer ce point de contrôle sordide. Cette passivité n’est pas sans conséquences pour la paix sociale : elle contribue à la flambée des prix sur les marchés de la ville d’Isiro.
Les usagers ne sont pas seulement rackettés à un péage, mais aussi par les prix exorbitants des denrées alimentaires, conséquence directe de cette situation intolérable. Ce fait, d’apparence anodine, pourrait être un stratagème pour monter la population contre le gouvernement de Félix Tshisekedi. Qui, il faut le rappeler, est en guerre contre Paul Kagame le président Rwandais qui, lui, sous-traite Corneille Nangaa Yobeluo.
Le chef rebelle et coordonnateur de l’AFC est un originaire du Haut-Uélé. Une province stratégique qui serait dans son viseur dans le cadre de l’expansion territoriale de son mouvement rebelle. Il ne faut pas perdre de vue qu’une députée provinciale, Madame Georgette Aroyo Mokobhe, a été récemment interpellée par les services de sécurité de la république pour ce qui semble être une toile tissée par l’alliance de Gombe.
Avant elle, Timothée Kamanga, un très proche collaborateur du Gouverneur et membre éminent de la coalition au pouvoir à Isiro a été aperçu à Goma et avait même pris la parole au meeting du RDF/M23 à Bukavu. Ces accointances ne seraient-elles que des coïncidences ? La question se pose sérieusement pour tout observateur averti lorsqu’on connaît l’importance de cette province.
En attendant, les usagers de cet axe Watsa-Isiro en ont assez de ce calvaire. Il est temps que la voix des citoyens épris de liberté soit entendue et que les pratiques de corruption endémiques qui s’installent dans le Haut-Uélé soient combattues. Le peuple Congolais doit exiger des comptes et ne plus rester muet face à l’arbitraire et à l’injustice. Qui gardera les gardiens, si ce n’est le peuple lui-même ?
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR













