La rencontre entre Félix Tshisekedi, Président de la RDC, et son homologue ougandais Yoweri Museveni à Entebbe, mercredi dernier, a été marquée par des échanges jugés « enrichissants et prometteurs ». Alors que le monde entier scrute les relations tendues au sein de la région des Grands Lacs, cette réunion soulève des questions cruciales quant à la réalité des promesses de paix et de coopération.
Dès les premières déclarations, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a souligné son optimisme : « Je repars avec l’espoir que ce que nous nous sommes dit va se concrétiser. » Une affirmation qui, bien qu’encourageante, mérite un examen critique. En effet, l’historique des relations entre la RDC et l’Ouganda est teinté de conflits et de méfiance.
Les deux pays ont une longue histoire de tensions, notamment en raison des incursions militaires et de l’exploitation des ressources naturelles. Ainsi, l’optimisme affiché de Félix Tshisekedi pourrait sembler naïf face à une réalité géopolitique complexe. Les discussions ont porté sur des sujets cruciaux tels que la paix, la sécurité, l’exploitation du pétrole sur le Lac Albert et les infrastructures routières.
Yoweri Museveni a même promis de construire plusieurs routes stratégiques, une initiative que Félix Tshisekedi a saluée. Cependant, ces promesses doivent être mises en perspective. Quel impact réel ces infrastructures auront-elles sur la vie quotidienne des Congolais et sur la stabilité régionale ? L’histoire nous enseigne que les projets d’infrastructure ne se traduisent pas toujours par des bénéfices tangibles.
Que ce soit pour les populations locales ou pour les pays environnants, surtout lorsque des intérêts politiques et économiques s’entremêlent. De plus, l’accent mis sur la coopération sécuritaire, notamment dans la lutte contre les Forces Démocratiques Alliées (ADF), semble être un point central des discussions.
Néanmoins, la question demeure : la collaboration militaire entre les deux pays pourra-t-elle réellement endiguer les violences et instaurer une paix durable ? Les opérations conjointes, par le passé, ont souvent été critiquées pour leurs résultats mitigés et pour leurs impacts sur les populations civiles. Il est également essentiel de s’interroger sur l’adhésion de la RDC à la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC).
Félix Tshisekedi a évoqué que « tout s’est arrêté à cause de l’agression que nous subissons ». Ce constat soulève une interrogation cruciale : le soutien régional, qu’il soit économique ou militaire, est-il suffisant pour faire face aux défis internes et externes ? La RDC, avec ses nombreuses richesses, se retrouve souvent à la croisée des chemins entre opportunités et menaces.
La rencontre entre Tshisekedi et Museveni pourrait être perçue comme un tournant, mais elle doit également être considérée avec prudence. Les discours d’espoir doivent être accompagnés d’actions concrètes et d’une véritable volonté de changement.
Les dirigeants de la région doivent dépasser les promesses verbales pour s’engager dans des initiatives qui transformeront réellement la situation sur le terrain. La paix ne se décrète pas, elle se construit, et il est temps que les mots se traduisent en résultats tangibles pour les populations de la RDC et de l’Ouganda.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR