Quid du mariage coutumier chez les Yansi?
En RDC, chaque tribu a sa façon de procéder en ce qui concerne le mariage coutumier. Eddy Mfungione, chef coutumier du village de ‘WUBA’ relate le déroulement du mariage coutumier chez les Yansi, peuple dans le territoire de Bagata dans la province du Kwilu.
Dès que le jeune garçon sollicite la main d’une jeune fille, il lui remet un petit colis contenant 3 savons Le Coq, un savon Monganga, un sous-vêtement et une boule de fil pour tresse. Cela ne sera accompagné d’aucune somme d’argent.
Ensuite, la fille présente le petit colis à ses parents. Le papa prend un savon Le Coq remet à son petit-frère et la maman à son tour fait la même chose à son jeune frère qui est évidemment l’oncle maternel de la jeune fille. C’est alors qu’il y a acception, la fille informe le garçon. À son tour, le garçon informera son oncle et ses parents pour aller rencontrer la belle-famille. Et en venant, la famille de la jeune fille exigera ce que les Yansi appellent ‘’ LUAR ‘’ qui est le un dixième de la dot pour aller libérer la jeune fille auprès de son ‘KITIUL. Il sied de signaler que ce n’est pas le garçon encore moins sa famille qui ira verser cette somme chez le Kitiul mais plutôt les parents de la fille et son oncle maternel.
Place maintenant à l’annonce solennelle qui sera faite par le » Kapita » auprès des villageois en clamant haut et fort : » désormais telle fille est libérée et appartient à tel homme ». Et par après le garçon va entamer le processus du mariage en versant la totalité de la dot accompagnée d’une chèvre et de 10 à 20 litres de vin de palme. Ce sont les parents de la fille qui en sont bénéficiaires. Du côté paternel: un pantalon, une chemise et une couverture (c’est le papa qui sera bénéficiaire).
Du côté maternel: un pantalon, une chemise et une couverture (c’est l’oncle qui sera le bénéficiaire). Et cela à l’issue de la cérémonie proprement dite. Ici, la mère de la fille ne bénéficie de rien et plus tard le jeune garçon peut penser à acheter le pagne pour sa belle-mère mais cela n’est pas obligatoire. Si les parents de la jeune fille avaient entrepris les démarches pour libérer leur fille avant qu’elle ne soit mariée, pas la peine de revenir auprès de ‘KITIUL’ pour payer le ‘LUAR’. Dans ce cas, la famille du père et celle de la mère partageront la somme de la dot. Dans le cas contraire, c’est le ‘KITIUL ‘ qui sera le seul bénéficiaire de toute la somme versée par l’homme. Pour rappel, le prix de la dot est fixé par le chef de groupement. Enfin, le jour de la fête sera fixé. L’homme vient avec les membres de sa famille en prenant soin d’apporter le vin de palme par rapport à ses possibilités et de la nourriture aussi.
Les gens vont manger et boire, c’est ça la fête. Le mariage est contracté et la jeune fille va avec son mari. Ils peuvent encore poursuivre le processus ancestral. Le jeune couple se met devant la porte des parents de la jeune fille faisant signe d’alliance en serrant le doigt l’un à l’autre et le papa vient desserrer en présence de l’oncle de la fille. La même cérémonie doit aussi se passer devant la porte de l’oncle de la fille en présence de son père. Cette cérémonie doit être accompagnée d’une calebasse, de vin de palme et un peu d’argent symbolique même 1.000 FC.
Dès que le garçon se sera acquitté de ses obligations, il doit aller visiter le cimetière du côté de sa belle-mère et la jeune fille à son tour doit aussi visiter le cimetière du côté maternel de son mari certifiant aux personnes qui les ont quitté tôt que leurs vies se sont désormais unies pour la vie. Tout cela en présence de l’oncle maternel et de quelques membres de la famille du couple. Ainsi donc le mariage est conclu. Somme toute, le processus du mariage au niveau du village n’est pas vraiment compliqué. Pas trop d’exigences.
Donc si le garçon paye le ‘’ LUAR ‘’, la fille appartient d’office à son homme. Par contre, si la fille déconne et que le jeune garçon ne paye pas le ‘LUAR’ en ce moment comme répercussion, l’homme ne bénéficiera jamais de ses enfants et le ‘KITIUL’ peut le traduire en justice (tribunaux coutumiers).
Afili Leya, Stagiaire IFASIC